Quatre mois après être rentré en Côte d’Ivoire, l’ancien président lance officiellement son nouveau parti à l’occasion d’un congrès constitutif qui s’est ouvert ce samedi 16 octobre à Abidjan.
Avec notre correspondant à Abidjan, Pierre Pinto
Il a plus de trois heures de retard sur l’horaire. Laurent Gbagbo fait son entrée dans la salle comble du Palais des congrès de l’hôtel Ivoire d’Abidjan, sous les acclamations et les vivats des cadres de son futur parti. Le ban et l’arrière-ban des « Gbagbo ou Rien » sont là, ainsi que les représentants d’autres partis, amis mais pas seulement.
Ainsi, la présence d’Adama Bictogou, directeur exécutif du RHDP, a surpris certains congressistes. Il place sa présence dans la continuité de la rencontre Ouattara-Gbagbo du 27 juillet.
L’absence de Simone Gbagbo
La salle compte par ailleurs de nombreuses délégations étrangères comme celle du Parti communiste français menée par le député Jean-Paul Lecoq, mais aussi des représentant du MNSD nigérien ou du NDC ghanéen. Particulièrement acclamé, l’opposant tchadien Succès Masra, 38 ans, a plaidé pour un nouveau panafricanisme et s’est adressé à Laurent Gbagbo : « L’Afrique vous observe. Je viens au nom de cette Afrique jeune et je vous dis : « transmettez-nous l’essentiel que vous avez ». »
Une absence a été particulièrement remarquée : celle de Simone Gbagbo. L’ex-première dame en rupture personnelle et politique avec Laurent Gbagbo est en RDC pour une conférence évangélique.
Au « village du Congrès », on veut passer à « une étape supérieure »
À quelques centaines de mètres de l’hôtel Ivoire, les organisateurs ont mis sur pied un « village du Congrès » destiné aux sympathisants et militants de ce nouveau parti.
Ce samedi après-midi toutes les chaises disposées sous de grandes tentes dans le stade du quartier Blokoss sont occupées. Des femmes, des hommes de tous âges essaient de suivre sur l’écran géant les discours prononcés dans la salle des congrès de l’hôtel Ivoire.
Guy est planteur dans l’ouest du pays. Il est venu spécialement pour le Congrès. « Moi, je suis un gbagboiste. J’étais PDCI et c’est après que j’ai appris à aimer le président Gbagbo et c’est à ce titre-là que je suis venu ce matin assister à la création du parti. » Il n’a jamais eu sa carte au FPI, mais là, c’est sûr, il va la prendre, assure-t-il.
Le FPI est mort aux yeux de ces militants. Le temps que le Congrès statue et nomme ses cadres, plus personne n’a de grade ni de fonction. Comme Jules qui en perd son latin. « Je suis… moi, j’étais… Je suis… j’étais… Je suis ex-FPI, mais suis adhérent de ce parti… »
FPI ? PPA ? Est-ce un simple changement de nom ou un réajustement idéologique ? Chacun y va de son explication : « Aujourd’hui c’est un jour spécial, parce qu’aujourd’hui Laurent Gbagbo a décidé de passer à une étape supérieure qui est au-delà du FPI, l’étape panafricaine » ; « Ce nouveau parti, c’est toute l’Afrique. Le FPI, c’était seulement, la Côte d’Ivoire » ; « nous avons ramené l’esprit du FPI au niveau parti. L’esprit continue. »