Marie NDiaye, ayant notamment remporté le prix Femina en 2001 pour Rosie Carpe et le prix Goncourt en 2009 pour Trois Femmes puissantes.

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Marie NDiaye en 2013.
Naissance  (54 ans)
PithiviersDrapeau de la France France
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Langue d’écriture français
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Œuvres principales

Marie NDiaye, née le  à Pithiviers dans le Loiret, est une femme de lettres française, ayant notamment remporté le prix Femina en 2001 pour Rosie Carpe et le prix Goncourt en 2009 pour Trois Femmes puissantes.

Biographie

Marie Ndiaye est née à Pithiviers, près du collège Denis-Poisson, dans le Loiret, à moins de cent kilomètres au sud de Paris, de mère française et de père sénégalais. Ses parents se sont connus étudiants en Île-de-France au milieu des années 1960. Elle passe son enfance dans la banlieue parisienne, à Bourg-la-Reine. Son père quitte la France pour l’Afrique alors qu’elle n’a qu’un an. Elle ne l’a vu que trois fois, la dernière fois remonte à une vingtaine d’années[réf. nécessaire]. C’est donc sa mère, professeur de sciences-naturelles dont les parents étaient agriculteurs dans la plaine de la Beauce, qui élève Marie et son frère aîné, l’historien Pap Ndiaye1,2.

À noter que leur mère Simone, Pap et Marie ont chacun choisi une graphie différente pour leur nom de famille (respectivement N’Diaye, Ndiaye et NDiaye)2.

Elle commence à écrire vers l’âge de 12-13 ans. Élève en terminale au lycée Lakanal de Sceaux à l’âge de 17 ans, elle est repérée par Jérôme Lindon3, directeur des Éditions de Minuit, qui publie son premier ouvrage, Quant au riche avenir1. À la suite de la parution de cette œuvre, elle rencontre celui qui allait devenir son mari, le futur écrivain Jean-Yves Cendrey : tout a commencé par une simple lettre de lecteur à laquelle elle répondit. Sa première œuvre lui permit aussi d’obtenir une bourse pour étudier pendant un an à la Villa Médicis4 à Rome.

À 22 ans, elle revoit son père au Sénégal, au cours d’un premier voyage en Afrique. Elle relate cette rencontre ainsi : « Je ne reconnaissais rien, vraiment rien. Il n’y a strictement aucune transmission dans les gènes qui fait que quand on se retrouve dans le pays d’où vient son père, on se dise « ah, oui, bien sûr, c’est chez moi ! ». C’était au contraire profondément étrange, très autre, mais autre dans le sens attirant, pas déplaisant. »

De 2001 à 2007, elle vit avec son mari Jean-Yves Cendrey et ses trois enfants à Barie5, un village situé près de Langondépartement de la Gironde, sur les rives de la Garonne, et qui reste aujourd’hui leur résidence secondaire.

L’exil à Berlin

Dans une interview publiée par Les Inrockuptibles le , elle avait déclaré à propos de la France de Sarkozy : « Je trouve cette France-là monstrueuse. Le fait que nous [avec son compagnon, l’écrivain Jean-Yves Cendrey, et leurs trois enfants — ndlr] ayons choisi de vivre à Berlin depuis deux ans est loin d’être étranger à ça. Nous sommes partis juste après les élections, en grande partie à cause de Sarkozy, même si j’ai bien conscience que dire ça peut paraître snob. Je trouve détestable cette atmosphère de flicage, de vulgarité… BessonHortefeux, tous ces gens-là, je les trouve monstrueux6. »

Elle avait ajouté : « Je me souviens d’une phrase de Marguerite Duras, qui est au fond un peu bête, mais que j’aime même si je ne la reprenais pas à mon compte, elle avait dit : « La droite, c’est la mort ». Pour moi, ces gens-là, ils représentent une forme de mort, d’abêtissement de la réflexion, un refus d’une différence possible. Et même si Angela Merkel est une femme de droite, elle n’a rien à voir avec la droite de Sarkozy : elle a une morale que la droite française n’a plus6. »

Ces déclarations ont déclenché les foudres du député UMP de Seine-Saint-DenisÉric Raoult. Celui-ci a écrit au Ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand : « Ces propos d’une rare violence, sont peu respectueux voire insultants, à l’égard de ministres de la République et plus encore du chef de l’État. Il me semble que le droit d’expression, ne peut pas devenir un droit à l’insulte ou au règlement de comptes personnel. Une personnalité qui défend les couleurs littéraires de la France se doit de faire preuve d’un certain respect à l’égard de nos institutions, plus de respecter le rôle et le symbole qu’elle représente. C’est pourquoi, il me paraît utile de rappeler à ces lauréats le nécessaire devoir de réserve, qui va dans le sens d’une plus grande exemplarité et responsabilité. »

Éric Raoult demande au ministre de la Culture de lui indiquer sa position sur ce dossier, et ce qu’il compte entreprendre en la matière7. Le ministre refuse de trancher. Mais les propos d’Éric Raoult au sujet d’un prétendu devoir de réserve ont été critiqués par bon nombre de personnalités politiques, y compris à droite. C’est pourquoi le porte-parole l’UMP Dominique Paillé, ignorant la neutralité du ministre, a affirmé que la liberté d’expression était un droit fondamental8. Un des membres du jury Goncourt, Bernard Pivot, a d’ailleurs abondé dans ce sens.

Éric Raoult a reçu à cette occasion le prix Busiris de Maître Eolas, récompensant une affirmation « juridiquement aberrante »9.

Marie NDiaye est revenue sur cet exil allemand, évoquant à la fois une « envie de partir » mais aussi « un élément déclencheur » : l’élection en 2007 de Nicolas Sarkozy10. Elle évoque aussi des motifs financiers « car c’était le seul lycée français gratuit de l’étranger, contrairement aux lycées français à l’étranger qui sont extrêmement chers. Ayant trois enfants à mettre au lycée, c’était un point important. C’était aussi plus simple de trouver un grand appartement où vivre à cinq que si nous étions allés à Londres par exemple11. » Mais le retour de la gauche au pouvoir ne signe pas son retour en France car, explique-t-elle, « notre vie est là, 5 ans c’est quand même long, on a un appartement où l’on se sent bien, une vie de quartier, des amis. Ça ferait bizarre de retourner vivre en France11. »

Publications

Elle publie son premier roman, Quant au riche avenir, aux Éditions de Minuit, à dix-sept ans. La Quinzaine littéraire souligne en 1985 qu’« elle est déjà un grand écrivain. Elle a trouvé une forme qui n’appartient qu’à elle pour dire des choses qui appartiennent à tous. » Elle publie ensuite La femme changée en bûche (1989), En famille (1991), La Sorcière (1996), Hilda (1999), La Naufragée (1999), Providence (2001).

Marie NDiaye reçoit le prix Femina en 2001 avec son roman Rosie Carpe dès le premier tour par 9 voix sur 12.

Sa pièce de théâtre Papa doit manger publiée en 2003 figure au répertoire de la Comédie-Française12.

En 2005, elle publie Autoportrait en vert puis Le Souhait. En 2007, elle écrit Mon cœur à l’étroit.

En 2009, elle s’essaie à une nouvelle expérience et participe à l’écriture du scénario du film White Material de Claire Denis, dont elle dit qu’elle est plus « africaine » qu’elle, car elle a passé son enfance au Cameroun. Le film décrit l’histoire d’une Française à la tête d’une plantation de café en Afrique en pleine guerre civile.

Elle reçoit le prix Goncourt 2009 pour Trois Femmes puissantes, roman initialement tiré à 15 000 exemplaires mais qui, avec le succès auprès du public, a connu un tirage total de 440 000 exemplaires après dix réimpressions13. Selon le palmarès annuel L’Express-RTL publié mardi , Marie Ndiaye a été en 2009 l’auteure francophone la plus lue.

Elle publie en 2011 Les Grandes personnes, puis en 2013 Ladivine qui conte le destin tourmenté de trois générations de femmes, dont la grand-mère était noire.

En 2021, elle publie La vengeance m’appartient, qui est salué par la critique14.

Controverse avec Marie Darrieussecq

En 1998, elle sort de sa réserve en adressant une lettre aux médias dans laquelle elle accuse l’écrivaine Marie Darrieussecq de « singerie ». Selon elle, cette dernière s’est fortement inspirée de La Sorcière publié deux ans plus tôt pour écrire son deuxième roman Naissance des fantômes, comme le rapporte alors le journal Libération15. En 2007, une autre écrivaine, Camille Laurens, adresse des reproches de même nature à Marie Darrieussecq l’accusant de « plagiat psychique » (voir Camille Laurens). Marie Ndiaye déclare soutenir Camille Laurens.

Marie Darrieussecq répond à ces accusations dans un essai littéraire, Rapport de police, dans lequel elle s’estime victime de « plagiomanie16 » (de calomnie par l’accusation de plagiat).

« Un métissage tronqué »

Jusqu’à son dernier roman Trois femmes puissantes, elle n’avait jamais évoqué l’Afrique dans son œuvre pourtant abondante et variée. Elle s’est pour l’instant peu expliquée sur ce choix de « retour aux sources » africaines de son père pour ce dernier roman. C’est à Berlin, où elle vit depuis deux ans avec mari et enfants, qu’elle déclare avoir retrouvé le « chemin du baobab ».

Marie Ndiaye refuse l’image de « métisse » ou d’Africaine que de nombreuses personnes ont d’elle : « Cela renvoie une image qui n’est pas la mienne. Mon père est rentré en Afrique quand j’avais un an. Je n’ai jamais vécu avec lui. J’ai grandi en banlieue, je suis 100 % Française, avec les vacances dans la Beauce… On pense à tort que j’ai la double nationalité, la double culture. Mais je ne suis pas gênée que l’on dise de moi au Sénégal que je suis Africaine17. »

« Je regrette depuis toujours de ne pas avoir de double culture alors que j’étais dans une situation idéale pour l’avoir18 », a-t-elle expliqué à l’hebdomadaire panafricain Jeune Afrique édité à Paris. « Je n’ai pas eu une enfance africaine, je ne l’aurai jamais. À 42 ans, il est trop tard pour acquérir une double culture. Aujourd’hui, j’ai plutôt conscience de ce que c’est de ne pas en avoir, de ce que représente un métissage tronqué dont on n’a que les apparences », a-t-elle ajouté.

Dans un entretien avec Télérama, en 12, elle revient sur cette relation « un peu étrange et assez lointaine » avec le continent africain : « J’y ai fait un premier voyage relativement tard, vers l’âge de 20 ans, à la fin des années 80 donc, et un second il y a trois ans avec la cinéaste Claire Denis avec qui je collaborais à un scénario. C’est très peu. »

« De ce fait, ma relation à l’Afrique est un peu rêvée, abstraite, au sens où l’Afrique, dans ma tête, est plus un songe qu’une réalité. En même temps, je suis attirée, incontestablement, mais de manière contradictoire, parce que j’aurais pu sans peine faire des voyages plus fréquents là-bas. Mais il y a peut-être de ma part une sorte de crainte, je ne sais pas précisément de quoi », a-t-elle poursuivi.

Elle précise sa pensée dans lesinrocks.com : « la seule chose qui change quand on a une origine africaine, c’est qu’on est noir, c’est visible. Mais c’est tout.[…] J’ai été élevée dans un « univers 100 % français ». Dans ma vie, l’origine africaine n’a pas vraiment de sens – sinon qu’on le sait à cause de mon nom et de la couleur de ma peau. Bien sûr, le fait d’avoir écrit des histoires où l’Afrique est présente peut paraître contradictoire. Je suis allée deux ou trois fois en Afrique, c’est un lieu qui m’intrigue, me fascine aussi, car je sens que j’y suis radicalement étrangère.

Quand j’y suis et que les gens voient mon nom et la couleur de ma peau, ils pensent que je suis des leurs. Or, par mon histoire, c’est faux. J’ai souvent rencontré des Français qui ont été élevés en Afrique et qui sont plus africains que moi. Alors qu’eux, en Afrique, dans le regard des autres, ils restent étrangers… Ironiquement, c’est en France que je peux paraître étrangère. »

En 1992, lorsqu’un universitaire spécialiste de littérature africaine, Jean-Marie Volet19, la sollicite pour la « classer » comme auteur sénégalais, la native de Pithiviers lui répond dans une lettre20 : « n’ayant jamais vécu en Afrique et pratiquement pas connu mon père (je suis métisse), je ne puis être considérée comme une romancière francophone, c’est-à-dire une étrangère de langue française, aucune culture africaine ne m’a été transmise. » Elle explique aussi qu’on peut être noire sans être africaine : « il me semblait important de le préciser, ne sachant si vous étudiez aussi des romancières aussi superficiellement africaines que je le suis. »

Au Sénégal, le pays de son père et où se déroule son dernier roman, elle est très peu connue et n’est pas considérée comme un auteur du cru[réf. nécessaire]. Mais ce livre est accueilli par de très bonnes critiques en Afrique même comme celle publiée par l’hebdomadaire Jeune Afrique21

À l’occasion de la publication de Ladivine, Marie Ndiaye prend de nouveau ses distances avec l’Afrique et la « condition noire » : « Je n’écris ni en tant que femme, ni en tant que femme noire. Je ne me définis pas comme une femme noire, née en France en 1967. Ce sont des notions factuelles qui n’ont pas d’importance, s’agissant de mon écriture. J’écris en tant qu’être humain. » « Je ne suis pas un écrivain engagé. L’écrivain engagé a tendance à être peu subtil car il doit faire passer un message. Dans ses textes, il n’y a pas de place pour l’ambiguïté. Moi, au contraire, j’aime travailler dans l’ambivalence parce qu’il me semble qu’elle nous fait réfléchir davantage. » dit-elle dans un entretien avec RFI.

Une esthétique de l’ambiguïté

Selon Marie NDiaye, ce qui fait un grand roman, c’est d’abord le travail sur l’esthétique, la musicalité, puis la psychologie des personnages. Elle déclare: « je cherche la musique des phrases, l’harmonie souterraine qui se dégage d’un livre d’imagination et qui fait que l’on a l’impression qu’il n’aurait pas pu être écrit autrement22. »

Marie NDiaye se définit comme une romancière de « l’ambiguïté23 ». Le journaliste et critique littéraire Hugo Pradelle la qualifie de « romancière d’un inconfort singulier ». Il considère qu’elle est tout à la fois « réaliste, inscrite dans son époque » et « toujours à la limite d’un fantastique ou d’un étrange qui altère le réel, le perturbe légèrement, le décale24 ». Marie-Laure Delorme souligne que, dans le roman La Cheffe, « l’ambiguïté maintenue tout au long de l’histoire25 » : on ne sait jamais si les propos du narrateur sont fiables ou s’il glisse dans la folie.

Œuvres

Romans et nouvelles

Théâtre

Romans jeunesse

  • La Diablesse et son enfant, illustration Nadja, École des loisirs, 2000 (ISBN 2211056601)
  • Les Paradis de Prunelle, illustration Pierre Mornet, Albin Michel Jeunesse, 2003 (ISBN 2-226-14068-9)
  • Le Souhait, illustration d’Alice Charbin, École des loisirs, 2005 (ISBN 2211079628)

Prix et récompenses

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