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Abdoulaye Daouda Diallo, ministre des finances et du budget
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Le ministre des Finances et du Budget a fait une révélation de taille hier à l’Assemblée nationale. Devant les députés pour défendre l’examen du projet de loi autorisant la création d’une Société Nationale de Gestion et d’Exploitation du Patrimoine Bâti de l’Etat (Sogepa Sn), Abdoulaye Daouda Diallo a indiqué que 67% des 1695 bâtiments de l’Etat sont vétustes dont 11% dans un état très vétuste.
Faudrait-il redouter un drame humain dans un édifice public ? En tout cas, il s’avère que plus de la moitié du patrimoine bâti de l’Etat est vétuste. Cette révélation de taille émane de l’argentier de l’Etat qui défendait, hier, devant les députés, le projet de loi autorisant la création d’une Société Nationale de Gestion et d’Exploitation du Patrimoine Bâti de l’Etat(Sogepa Sn) qui va remplacer l’Agence de Gestion du Patrimoine Bâti de l’État(Agpbe).
Selon le ministre des Finances et du Budget, le parc de l’Etat est constitué de 1695 bâtiments identifiés, compte non tenu des écoles et autres infrastructures publiques. Malheureusement, 67% de ce patrimoine sont vétustes. «Et sur ces 67%, 11% sont dans un état très vétuste. Voilà la situation du patrimoine que nous avons», a soutenu Abdoulaye Daouda Diallo avant d’indiquer que l’Etat continue à recenser les immeubles qui seront au fur et à mesure intégrés dans la comptabilité patrimoniale de l’Etat.
A l’en croire, les bâtiments les plus vétustes se trouvent dans des zones de la capitale où la valeur foncière est élevée. «Le défaut d’entretien particulièrement préoccupant de ces bâtiments est dû à la rigidité des procédures domaniales, prévues par la loi n° 76-66 du 2 juillet 1976 portant Code du domaine de l’État. En guise d’illustration, la cession d’un immeuble bâti de l‘État requiert l’autorisation parlementaire», explique l’argentier de l’Etat. Revenant par ailleurs sur la création de la Sogepa Sn, le locataire de la Rue Carde a souligné qu’elle va être à 100% une propriété de l’Etat. «Il s’agira de revoir les procédures, de les assouplir pour pouvoir en faire une gestion optimale», dit-il.
En un mot, affirme Abdoulaye Daouda Diallo, c’est une propriété de l’Etat qui ne gère que les biens qui ne sont pas strictement nécessaires aux missions de service public. Tout en se comportant en effet comme une société privée, la Société nationale de Gestion et d’Exploitation du Patrimoine bâti de l’État (Sogepa Sn) demeure une propriété exclusive de l’Etat. Malgré les acquis et les performances réalisés par l’Agpbe, relève Abdoulaye Daouda Diallo, des contraintes pèsent encore sur la gouvernance de l’immobilier public. Il s’agit, d’après lui, de la vétusté du parc administratif induisant des coûts très élevés d’entretien et de maintenance, des limites budgétaires ne permettant pas le règlement correct des charges locatives et la réhabilitation des bâtiments administratifs et de la persistance du paradoxe «État Premier Propriétaire» versus «État Premier Locataire».
Avec la création de cette nouvelle société, indique Abdoulaye Daouda Diallo, il s’agit d’un changement de paradigme dans la gouvernance du patrimoine bâti de l’Etat au service d’une stratégie économique et financière de l’État. «En effet, l’État possède toujours dans son patrimoine un certain nombre d’immeubles qui sont dans un état de vétusté telle que leur occupation s’en trouve compromise. Or, la position géographique de ces immeubles leur confère une importante valeur économique. Ce qui ouvre des perspectives de développement permettant d’identifier ces bâtiments pour en faire des infrastructures modernes et fonctionnelles, d’accroître l’offre locative avec un effet complémentaire de tirer à la baisse les prix de l’immobilier et de faire économiser des sommes considérables au Trésor public», a soutenu le ministre des Finances et du Budget.