Les condamnations du polémiste sont souvent évoquées par ses détracteurs, au point d’être parfois exagérées. Le point sur les condamnations d’Éric Zemmour.
C’est l’un des principaux angles d’attaques des adversaires politiques d’Éric Zemmour. Les condamnations judiciaires dont a fait l’objet l’ancien journaliste pour ses propos polémiques tenus durant sa carrière, essentiellement à la télévision.
Si les recours judiciaires contre Éric Zemmour sont nombreux, les condamnations définitives contre le polémistes sont rares. Le point sur les affaires autour du polémiste.
- Deux fois condamné
Condamné pour « provocation à la discrimination raciale »
En 2010, Éric Zemmour est encore chroniqueur pour RTL, I-Télé, France 2 et Le Figaro et invité en tant que tel par les médias. Le 6 mars, il est invité de l’émission de Canal + « Salut Les Terriens ». Lors d’un débat sur les contrôles au faciès, il s’indigne : « Mais pourquoi on est contrôlé 17 fois ? Pourquoi ? Parce que la plupart des trafiquants sont noirs et arabes, c’est comme ça, c’est un fait ».
Le même jour, sur France Ô, il lance que les employeurs « ont le droit » de refuser d’embaucher des Noirs et des Arabes.
Deux sorties qui lui valent des poursuites judiciaires de la part de plusieurs associations anti-racistes. En février 2011, la 17e chambre du tribunal correctionnel a condamné Éric Zemmour à un total de 2 000 euros d’amende avec sursis, et à 10 000 euros de dommages et intérêts aux différentes associations qui le poursuivaient, pour avoir « justifié une pratique discriminatoire illégale, la discrimination à l’embauche, en la présentant comme licite ». En revanche, le tribunal n’a pas jugé que les propos sur les contrôles au faciès était diffamant, mais relevaient de la « provocation à la discrimination raciale ». Une sanction dont il n’a pas fait appel.
Reconnu coupable de « provocation à la haine religieuse »
En 2016, Éric Zemmour est invité de C à Vous sur France 5. Durant l’émission (à partir d’1mn30 dans la vidéo ci-dessous), il affirme notamment qu’il faut donner aux musulmans « le choix entre l’islam et la France », expliquant que la France vit « depuis trente ans une invasion », avant d’ajouter que « dans d’innombrables banlieues françaises où de nombreuses jeunes filles sont voilées », se jouerait une « lutte pour islamiser un territoire, un djihad ». L’émission suscite l’indignation et plus de 700 plaintes sont déposées au CSA.
Des poursuites sont engagées par plusieurs associations. Le 3 mai 2018, la cour d’appel de Paris estime que ses propos « visent les musulmans dans leur globalité et contiennent une exhortation implicite à la discrimination ». Le chroniqueur au Figaro de l’époque est alors condamné à verser 1 euro symbolique à l’association CAPJPO EuroPalestine qui avait engagé les poursuites, et 1 000 euros au titre des frais de justice, qui viennent s’ajouter aux 2 000 euros prononcés en première instance en 2017.
Une condamnation confirmée le 17 septembre 2019 par la Cour de cassation, qui condamne Éric Zemmour à payer 2 500 euros supplémentaires à l’association au titre des frais de justice. Ce dossier est toujours à l’étude actuellement, un nouveau recours ayant été formulé et accepté cette fois, par la Cour européenne des droits de l’Homme. Au regard de la loi française, sa condamnation est toutefois considérée comme définitive, relève France Info.
- Poursuites en cours
Plusieurs poursuites judiciaires sont encore en cours contre Éric Zemmour.
Pour « complicité de provocation à la haine raciale et d’injure raciale »
Le 29 septembre 2020, lors d’un débat dans « Face à l’info » sur CNews, le chroniqueur lance, au sujet des mineurs isolés : « Ils n’ont rien à faire ici, ils sont voleurs, ils sont assassins, ils sont violeurs ». Plusieurs associations, comme la Ligue des droits de l’homme (LDH), se sont constituées partie civile, mais aussi de nombreux départements à qui incombe la gestion des mineurs isolés.
Le parquet de Paris a requis 10 000 euros d’amende contre Éric Zemmour pour « complicité de provocation à la haine raciale et d’injure raciale », lors d’une audience à laquelle le polémiste n’était pas présent. « Les limites de la liberté d’expression ont été franchies » a notamment estimé la procureure de la République. Également jugé dans cette affaire, le directeur de publication de la chaîne d’information CNews, contre lequel la procureure a requis 5 000 euros d’amende. Le jugement sera rendu le 17 janvier 2022.
Pour « provocation à la haine » et « injures »
En 2019, lors de la « convention de la droite », il tient des propos sur l’islam et l’immigration, affirmant notamment que les « problèmes aggravés par l’immigration sont aggravés par l’islam », dans un discours très violent contre les immigrés « colonisateurs » et « l’islamisation de la rue ». Il est condamné en première instance à 10 000 euros d’amende pour « injure » et « provocation à la haine », le tribunal estime estimant qu' »en distinguant parmi les Français l’ensemble des musulmans opposés aux ‘Français de souche’ et en les désignant, ainsi que les immigrés musulmans vivant en France, non seulement comme des criminels auteurs des attentats de 2015 mais comme d’anciens colonisés devenus colonisateurs », cette diatribe « constitue une exhortation, tantôt implicite tantôt explicite, à la discrimination et à la haine à l’égard de la communauté musulmane et à sa religion ».
En appel, Éric Zemmour est finalement relaxé, la cour d’appel jugeant le 9 septembre dernier qu »aucun des propos poursuivis ne visent l’ensemble des Africains, des immigrés ou des musulmans mais uniquement des fractions de ces groupes”. Le parquet général a formé un pourvoi en cassation. L’affaire sera jugée ultérieurement.
Pour « contestation de crime contre l’humanité »
Autre affaire encore en cours, suite à ses propos tenus le 21 octobre 2019 sur la chaîne d’info CNews, lorsque le chroniqueur affirme que le maréchal Pétain avait « sauvé » les Juifs français. Poursuivi pour « contestation de crime contre l’humanité », il est relaxé par la 17e chambre du tribunal de Paris, qui a estimé que ces propos sont prononcés « à brûle-pourpoint lors d’un débat sur la guerre en Syrie », tout en reconnaissant toutefois qu’ils contiennent « la négation de la participation (de Pétain) à la politique d’extermination des juifs menée par le régime nazi ». La Licra, a fait appel de cette décision, prévu en janvier 2022.
- De multiples relaxes
Adepte des propos polémiques, Éric Zemmour est fréquemment poursuivi en justice. Son avocat décompte 16 poursuites devant les tribunaux, pour une seule condamnation définitive donc. Voici les principales relaxes.
Le 6 mai 2014, Éric Zemmour déclare lors d’une chronique sur RTL que « les Normands, les Huns, les Arabes, les grandes invasions d’après la chute de Rome sont désormais remplacés par les bandes de Tchétchènes, de Roms, de Kosovars, de Maghrébins, d’Africains qui dévalisent, violentent ou dépouillent ».
Poursuivi pour provocation à la haine raciale, il est finalement relaxé, le tribunal jugeant qu' »aussi excessifs, choquants ou provocants que ces propos puissent paraître », ils ne s’appliquent « qu’à une fraction des communautés visées » tout en soulignant la connotation péjorative du terme de « bandes » employé par le polémiste
En 2014, Éric Zemmour déclare dans le quotidien italien « Corriere della Sera », que les « musulmans ont leur code civil, c’est le Coran ». Des propos qui valent au polémique l’arrêt de son émission sur I-Télé. Condamné en 2015 à 10 000 euros d’amende pour « provocation à la haine envers les musulmans », la Cour d’appel le relaxe finalement, estimant que « la preuve n’est pas rapportée qu’il savait que ses propos seraient diffusés en France et sur le site Internet du Corriere della Sera ».
- Des affaires à juger
Éric Zemmour n’en a pas fini avec la justice. Le polémiste est aussi poursuivi pour injure raciste par la chroniqueuse Hapsatou Sy, dont il avait qualifié le prénom « d’insulte à la France » sur le plateau de « Salut les Terriens », en septembre 2018. Le procès devrait avoir lieu en septembre 2022.
Éric Zemmour est également poursuivi pour « injure publique » par le journaliste Taha Bouhafs, pour l’avoir qualifié de « militant islamiste » sur CNews, en novembre 2020. L’instruction est en cours.