Le secrétaire d’État Anthony Blinken est arrivé à Dakar ce vendredi 19 novembre, en provenance du Nigeria. Le diplomate américain boucle au Sénégal une tournée africaine de cinq jours qu’il a démarrée au Kenya le 15 novembre.
Au Sénégal, celui qui fait office de ministre des affaires étrangères des États-Unis sera reçu par le président Macky Sall. À la suite de cette audience, il rencontrera son homologue sénégalais Aissata Tall Sall avec qui il donnera une conférence de presse.
Selon le département d’État, la visite de Anthony Blinken est à inscrire dans l’agenda du raffermissement des relations entre les deux pays. Une relation vieille de plus de 60 ans comme le rappelait son prédécesseur Mike Pimpeo lors de son séjour au Sénégal, l’année dernière.
Le communiqué lu à Dakaractu ajoute que le chef de la diplomatie américaine discutera des questions régionales et des valeurs partagées, compte tenu de la prochaine présidence de l’Union africaine par le Sénégal.
Le Sénégal à la tête de l’Union africaine
En effet, Macky Sall sera porté à la tête de la Conférence des Chefs d’État de l’Union pour la période 2022-2023, en remplacement de Félix Tshisekedi de la République démocratique du Congo.
Pour les États-Unis qui ont opéré un retour en Afrique après la page Donald Trump, il est essentiel de trouver des grappes de convergence avec le président Sall qui mettra sans doute au profit ce bref passage à la tête de l’instance suprême de l’organisation continentale pour plaider la cause africaine.
Dans différentes sorties internationales, le chef de l’exécutif sénégalais a souvent tapé du poing sur la table pour faire entendre la voix du continent africain. Son dernier « coup de gueule » remonte à la COP26 organisée à Glasgow.
La problématique position des États-Unis sur les énergies fossiles.
À l’occasion de cette rencontre internationale sur le climat, le président du Sénégal a fustigé la décision des puissances internationales de ne plus accorder de financement aux énergies fossiles. « Avant-hier, j’ai fait un plaidoyer sur la transition énergétique. Vous avez suivi qu’à Glasgow, 29 pays se sont engagés pour dire qu’ils ne vont plus financer les énergies fossiles. C’est l’arrêt de mort de notre développement qui est ainsi signé. On ne peut pas l’accepter », a vivement fustigé Macky Sall qui ne comprend pas que cette décision émane des plus grands pollueurs. Seulement, les États-Unis font partie de ces pays qui ont appelé à renoncer aux énergies fossiles. Cette question qui devrait s’inviter aux discussions tout comme le statut controversé octroyé par le président de la Commission de l’UA à Israël.
Les ministres des Affaires étrangères de l’organisation panafricaine ont transmis la patate chaude aux chefs d’État qui doivent se réunir en février 2022. Les États-Unis qui se sont toujours affichés aux cotés de l’État hébreux seraient bien tentés de vouloir convaincre le président sénégalais, compte tenu de la position sur le conflit israélo-palestinien. Le Sénégal préside en effet, depuis les années 70, le comité des Nations-Unies pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien.
Il est aussi attendu que la situation sécuritaire au Sahel soit discutée entre les autorités américaines et sénégalaises. C’est d’autant plus opportun que l’insurrection djihadiste qui a déjà destabilisé le Sahel central est en train de se diriger vers les pays côtiers. Malgré l’absence de déploiement de troupes sur le terrain, les Etats-Unis soutiennent la lutte contre le terrorisme en venant en appoint à Barkhane, dans le domaine du renseignement et de la logistique. Mais des programmes de développement sont financés par les américains pour prévenir l’extrémisme violent, comme le rappelle Bakary Sambe, dans un entretien avec TV5 Monde.
La Chine, cet autre géant gênant.
Enfin, pour contrer l’offensive de la Chine en Afrique, les États-Unis ont décidé de renforcer les échanges commerciaux avec les pays africains. Des accords dans ce domaine sont prévus lors de la visite du secrétaire d’État au Sénégal. Depuis l’accession du président Macky Sall au pouvoir, la Chine a financé de nombreux projets à hauteur de 900 milliards de FCFA, rapporte la BBC.
Cette rivalité avec la Chine a occupé une bonne partie de sa conférence de presse avec le ministre nigérian des affaires étrangères. Selon lui, les africains n’ont pas à choisir entre les deux puissances. Cependant, il a annoncé un sommet États-Unis –Afrique « pour mener une politique diplomatique de haut-niveau (…) qui permettra de transformer les relations et de rendre une coopération efficace possible », alors que Dakar s’apprête à abriter du 28 au 30 novembre, la 8e conférence ministérielle du Forum de Coopération sino-africaine (FOCAC).