POLITIQUE Les maires de droite de l’agglomération bordelaise s’engouffrent dans la brèche ouverte au sein de la majorité gauche-verte de Bordeaux Métropole, sur fond de désaccord dans le dossier de la LGV Bordeaux-Toulouse
Publié le 24/11/21 à 20h35 — Mis à jour le 25/11/21 à 09h22
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La maire de Bordeaux, Pierre Hurmic (EELV) — UGO AMEZ/SIPA
- « La prise d’otages de la métropole par les Verts est terminée », a triomphé mercredi le maire du Bouscat Patrick Bobet (LR).
- L’opposition s’est engouffrée dans la brèche au sein de la majorité gauche-verte de la métropole, sur fond de désaccord dans le dossier sur la LGV Bordeaux-Toulouse, et a obtenu le retour des maires de droite au sein du bureau de la métropole, en échange de son vote en faveur de la LGV.
- Il s’agit d’une « double défaite » pour le maire de Bordeaux, estime Patrick Bobet, puisque le maire de Bordeaux ne souhaitait pas que la métropole participe au financement de la LGV, à laquelle il est farouchement opposé.
Les chasseurs vont manifester samedi dans les rues de Bordeaux pour délivrer des messages à Pierre Hurmic. Mais le maire de Bordeaux a déjà fait l’objet d’un tir nourri, mercredi, de la part des maires de droite de l’agglomération bordelaise. Gouvernance de la métropole, ligne à grande vitesse vers Toulouse, circulation… La charge des élus LR et centristes a été massive.
D’autant plus qu’ils peuvent savourer une victoire. « J’ai une très bonne nouvelle à vous annoncer, a ainsi triomphé mercredi, sourire jusqu’aux oreilles, le maire du Bouscat et ex-président de la métropole Patrick Bobet (LR) : la prise d’otages de la métropole par les Verts est terminée ». Comprendre que les maires de droite réintègrent la gouvernance de la métropole, à la faveur d’un accord avec le président PS Alain Anziani, ce qui vient isoler les Verts au sein de l’institution.
Une « double défaite » pour le maire de Bordeaux Pierre Hurmic
Les élus du groupe d’opposition se sont en effet engouffrés dans la brèche créée au sein de la majorité gauche-verte de la métropole, sur fond de désaccord dans le dossier du GPSO (Grand Projet du Sud-Ouest, qui comprend les LGV Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax). Pierre Hurmic étant contre, le président PS de la métropole Alain Anziani, fervent défenseur du GPSO, a dû se tourner vers les élus de la droite, pour s’assurer de faire passer ce jeudi la subvention de 354 millions d’euros en faveur du projet. « Je n’ai plus de majorité avec les Verts » avait d’ailleurs reconnu Alain Anziani il y a quelques jours. En échange de ce vote, la droite a obtenu de faire entrer ses onze maires au bureau de la métropole.
« Ce n’est pas le retour de la cogestion, mais une « gouvernance partagée », précise le maire du Bouscat. Nous n’entrons pas dans l’exécutif, nous restons dans l’opposition, mais nous pourrons étudier, instruire, et amender les dossiers. »
Pour Patrick Bobet, « c’est un nouveau départ pour la métropole, que l’on appelait de nos vœux depuis seize mois. » Et surtout, une « double défaite » pour le maire de Bordeaux Pierre Hurmic, qui s’opposait à cette gouvernance, et qui va voir, sauf surprise de dernière minute, la délibération en faveur du GPSO adoptée jeudi. La droite a confirmé qu’elle voterait pour, même si ce ne sera pas à l’unanimité. « Le dossier GPSO a mis sous les feux de l’actualité le désaccord profond entre les têtes de cette majorité, qui est plutôt une cohabitation inefficace, et bloquante » a insisté Patrick Bobet.
« Propension à la tambouille politique… »
Pierre Hurmic n’a pas tardé à réagir de son côté, mercredi soir. « Nous apprenons que certains élus de droite voteront en faveur du GPSO mais que ce vote n’est pas gratuit, écrit-il dans un communiqué commun avec les deux autres vice-présidents EELV, Laure Curvale et Clément Rossignol-Puech. Leur vote est acquis en échange d’une participation au bureau. Troquer son vote dans ce but relève chez ces élus d’une propension à la tambouille politique qu’on espérait révolue. Nous avons choisi, pour notre part, de ne pas brader nos convictions et restons attachés au succès du projet de mandature de la majorité métropolitaine avec un exécutif inchangé. »
Les élus de droite assurent, eux, que leur vote n’est pas que de circonstance, et qu’ils croient fermement au projet GPSO depuis le début. « La position des écologistes est surprenante, a attaqué le maire de Saint-Aubin-de-Médoc, Christophe Duprat (LR). Ils ne veulent plus d’avion, ils ne veulent plus de TGV, ils ne veulent plus de voiture. Qu’est-ce qu’il nous reste ? La marche et le vélo. Il existe peut-être des pistes cyclables qui font Bordeaux-Toulouse, mais enfin, il faut partir le lundi pour arriver le vendredi, ce n’est pas toujours compatible avec une vie normale. »
Veuillez fermer la vidéo flottante pour reprendre la lecture ici.
« Si on ne vote pas ce GPSO, poursuit l’édile, on va passer à côté de quelque chose. Nos prédécesseurs [coucou Alain Juppé] ont été visionnaires en choisissant la grande vitesse qui rapproche les territoires. Si nous sommes aussi un peu visionnaires, c’est maintenant qu’il faut dire oui, sinon, le train va passer et il ne repassera peut-être pas. »
« Il y a des gens qui vivent en dehors de la ville-centre »
Remontés comme des pendules, les élus d’opposition en ont profité pour sortir les dossiers contre Pierre Hurmic. Le but à peine caché étant dorénavant d’isoler de plus en plus le maire de Bordeaux. Un dossier en particulier, celui sur la circulation automobile, ou plutôt les sens de circulation dans les rues de Bordeaux, est bouillant depuis la rentrée. Les maires de droite se sont ainsi étranglés d’apprendre, par voie de presse, que la mairie de Bordeaux souhaite que la route de Toulouse puisse être potentiellement passée à sens unique. Cet axe majeur de circulation de la métropole, qui passe par Bordeaux, Talence, Bègles et Villenave d’Ornon, a pourtant fait l’objet d’une concertation publique à la rentrée, en vue d’un réaménagement pour 2025.
« On avait enfin réussi à trouver un accord politique, au terme d’une concertation publique ouverte à quatre communes, en faisant la part belle aux mobilités douces, et là la mairie de Bordeaux nous sort qu’elle est favorable à mettre la route de Toulouse en sens unique, fulmine le maire de Talence Emmanuel Sallaberry. La bunkérisation de la ville-centre, c’est sans doute une bonne chose électoralement parlant, mais il y a des gens qui vivent en dehors et qui n’ont pas d’autres solutions que de passer par cette route. Et où vont passer les bus ? C’est inacceptable, et on ne l’acceptera pas », prévient l’élu.
« Je suis très inquiet pour Bordeaux » lance Christophe Duprat
Cette sortie sur la route de Toulouse, semble être la goutte d’eau pour les maires de droite, riverains de Bordeaux, après la mise en sens unique de plusieurs axes de circulation, ayant des répercussions sur leurs communes limitrophes, même si la mairie a annoncé une concertation concernant la rue de Pessac pour le début de l’année 2022.
« Où les gens vont-ils rentrer dans Bordeaux demain ? », questionne Emmanuel Sallaberry. Pierre Hurmic « a décidé de casser la règle qui voulait qu’on ne fasse rien sans l’avis d’un maire » pointe de son côté Christophe Duprat. « On assiste à des fermetures de voie sans information préalable, et on met cela derrière ce mot fabuleux de l’urbanisme tactique, ce qui ne veut rien dire. Je suis très inquiet pour Bordeaux, car on multiplie les contraintes pour les gens qui viennent de l’extérieur, or, la ville-centre est une source d’attractivité, et elle a des devoirs. » On imagine que Pierre Hurmic préfèrera sortir couvert, ce jeudi, pour l’ouverture des débats en conseil de métropole.