Joakim Noah (36 ans) a décidé de se retirer des parquets. La fin d’une riche aventure pour ce pivot à la technique particulière et à la personnalité qui l’est tout autant.
Né à New York en 1985, Joakim Noah arrive en France en 1988 pour dix ans. Très vite, son père tennisman, ami notamment de Pat Ewing, le met aussi en contact avec le basket. On le voit ici le 1er décembre 1988 à Paris-Coubertin à un match du Racing face à Cholet.
Le tennis n’a jamais été une passion pour Joakim Noah, amené ici à Nîmes en 1992 avec sa petite soeur Yelena (de dos) par son père Yannick, alors capitaine de l’équipe de France, pour un quart de finale de Coupe Davis perdu par Guy Forget et les siens face à la Suisse (2-3).
Durant sa minorité, le rappel de la carrière de son père, ancien n° 3 mondial en tennis, est permanent. Joakim, qui tente de percer dans le basket, pose ici avec Kevin McEnroe, fils de John, lui aussi basketteur à l’époque, avant un duel entre leurs lycées en janvier 2003.
Adolescent, Noah est retourné à New York. Dans les différents high schools qu’il fréquente, il a déjà une technique à part, notamment au shoot. Mais sa soif d’apprendre, son énergie et sa taille séduisent. En 2004, il se hisse dans le top 100 des basketteurs lycéens aux Etats-Unis.
En 2004, Joakim Noah rejoint l’université de Florida en même temps qu’Al Horford, Taurean Green et Corey Brewer, tous futurs joueurs NBA. Entraînés par Billy Donovan (l’actuel coach des Chicago Bulls), les Gators remportent le titre NCAA deux fois de suite, en 2006 et 2007.
« Jooks », qui est aussi surnommé « Sticks » (les baguettes) pour son physique longiligne, est une authentique star sur le campus de Gainesville. En plus d’une personnalité extravertie, il affiche des progrès constants jusqu’à être élu meilleur joueur du Final 4 NCAA en 2006.
Le 28 juin 2007, il sert la main de feu David Stern après avoir été retenu à la neuvième place de la Draft par les Chicago Bulls. Il se montre extatique à l’idée de jouer pour l’ancienne équipe de Michael Jordan, qui sort en plus d’une bonne saison (demi-finaliste à l’est).
La première apparition de Joakim Noah en NBA, le 6 novembre 2007 au United Center de Chicago, où les Bulls reçoivent les LA Clippers lors de leur quatrième match de la saison (il souffrait d’une entorse lors des trois premiers). 0/4 aux tirs, 3 contres et une défaite (91-97).
À Chicago, l’intégration de Noah, avec sa personnalité volcanique, n’est pas évidente. Le 13 janvier 2008, il est suspendu pour un match après une altercation avec un assistant. Les autres Bulls se plaignent auprès du coach : pour eux, la sanction n’est pas assez forte.
Son premier véritable coup d’éclat en NBA : le 30 avril 2009, il vole un ballon à Paul Pierce dans la dernière minute de la troisième prolongation du match 6 du premier tour des play-offs face à Boston. Il s’en va marquer et pousse les Celtics à un match 7, qu’ils gagneront.
En trois ans, Joakim Noah s’est imposé comme un cadre des Bulls à côté de Derrick Rose et Luol Deng. Le 4 octobre 2010, il prolonge pour 60 millions de dollars sur cinq ans. En 2011, ils vont en finale de conférence, une première depuis l’ère Jordan. Une dernière aussi, les blessures de Rose plombant la suite.
À l’été 2011, lui, l’homme aux origines multiples (Cameroun, États-Unis, France et Suède), dispute sa seule compétition avec l’équipe de France. En Lituanie, Tony Parker et les Bleus se qualifient pour les JO de Londres en atteignant la finale du Championnat d’Europe.
Le 7 décembre 2012 à Detroit, il signe un de ses matches les plus impressionnants en NBA avec 30 points, 12 paniers inscrits et 23 rebonds. Ce sont encore ses records à ce jour alors que les Bulls « n’ont pas joué une action pour lui », fait remarquer l’entraîneur des Pistons.
Le 17 février 2013 à Houston, Joakim Noah, perçu alors comme le meilleur pivot passeur de la NBA et un défenseur redouté, devient le deuxième Français à prendre part au All-Star Game après Tony Parker – qui dispute aussi cette rencontre. Il est retenu parmi les remplaçants de la conférence Est et le sera de nouveau l’année suivante à New Orleans.
En 2014, Noah est au sommet de sa carrière. Le 22 avril, il présente son trophée de meilleur défenseur au public du United Center, juste avant d’entamer les play-offs. Cette saison-là, il se classe quatrième du vote pour le MVP devant James Harden (5e) et Stephen Curry (6e).
Joakim Noah a tellement martyrisé son corps pour réaliser son exceptionnelle saison 2013-2014 qu’il ne s’en est jamais remis. Opéré d’un genou durant l’été 2014, il accumulera ensuite les blessures et affichera un impact bien moindre jusqu’à la fin de sa carrière.
Malgré son recul, il réalise un rêve personnel en signant à New York le 8 juillet 2016 pour 72 millions de dollars sur quatre ans. « Le pire contrat de l’histoire des Knicks », écrira le New York Post, un tabloïd. Il dispute son premier match avec l’équipe le 30 octobre contre Cleveland, le début d’un calvaire.
Noah est libéré à la moitié de son contrat après n’avoir joué que 53 matches en deux ans avec les Knicks. Il rebondit à Memphis en décembre 2018, acceptant un rôle sur le banc derrière Marc Gasol. On retrouve par séquences le Noah d’avant à l’énergie contagieuse.
Non conservé par Memphis à la fin de la saison, toujours en besoin de soigner différents pépins, il lui faut attendre mars 2020 pour que les Clippers lui donnent un bout de chance. Il accompagne l’équipe californienne dans la bulle mais n’y jouera que 52 minutes au total et sera finalement remercié début décembre.