Le ministre taliban des Affaires étrangères a annoncé lundi avoir rencontré à Téhéran le fils du commandant Massoud, Ahmad, un farouche adversaire de son régime, auquel il a assuré qu’il pouvait retourner sans crainte en Afghanistan.
Amir Khan Muttaqi menait samedi et dimanche une délégation du régime taliban en Iran, sa première visite dans le pays, mais il n’avait été fait aucune référence à une rencontre avec Ahmad Massoud et un seigneur de guerre afghan renommé, Ismail Khan, historiquement basé à Herat, près de la frontière iranienne.
« Nous leur avons assuré que n’importe qui peut venir en Afghanistan et vivre sans inquiétude », a déclaré Amir Khan Muttaqi dans une déclaration diffusée sur les réseaux sociaux par la télévision publique afghane.
« C’est la maison de tout le monde et nous ne créons de problèmes de sécurité à personne. Tout le monde peut venir librement et vivre » en Afghanistan », a-t-il ajouté.
L’entourage d’Ahmad Massoud n’était pas immédiatement joignable pour commenter.
Le fils du légendaire commandant Massoud, assassiné en 2001 par Al-Qaïda, dirige le Front national de résistance (FNR), qui a promis de « continuer » la lutte après l’arrivée au pouvoir des talibans mi-août.
Son ultime poche de résistance, la vallée du Panchir, au nord de Kaboul, a toutefois été prise par les islamistes fin septembre et le FNR a peu fait parler de lui depuis.
M. Muttaqi a par ailleurs commenté sa visite en Iran, qui a eu lieu dans « une atmosphère cordiale », ajoutant avoir « discuté de tous les sujets (…), y compris l’économie, le commerce ».
L’Iran, comme le reste de la communauté internationale, n’a pas reconnu l’Emirat islamique après la prise de pouvoir à la mi-août des talibans, à la faveur du retrait des troupes américaines, comme il n’avait pas reconnu leur premier régime (1996-2001).
Téhéran semble toutefois esquisser ces derniers mois un rapprochement avec les islamistes.
A leur retour au pouvoir, les talibans avaient décrété une amnistie générale et assuré que les anciens militaires ou employés de l’ex-gouvernement afghan n’étaient pas menacés.
En dépit de ces promesses, plusieurs ONG estiment qu’au moins 100 ex-agents de la police et du renseignement ont depuis disparu, ou ont été victimes d’exécutions sommaires. Samedi, un universitaire critique des talibans a par ailleurs été arrêté.
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