IL M’A FALLU DU COURAGE POUR ENFIN M’OCCUPER DE MON TERROIR

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Portrait de Fadel Barro © Malick MBOW
Portrait de Fadel Barro © Malick MBOW

Connu tour à tour comme journaliste, activiste, initiateur de Y’en a marre et aujourd’hui dans des habits de candidat à la mairie de Kaolack, Fadel Barro n’a pas peur des défis. Le Quotidien l’a rencontré dans le laboratoire de sa coalition – ENTRETIEN

Publication 14/01/2022

Connu pendant des années comme journaliste et ensuite, comme activiste et initiateur du Mouvement Y’en a marre et aujourd’hui dans des habits de candidat à la mairie de Kaolack, Fadel Barro n’a pas peur des défis. Le Quotidien l’a rencontré dans le laboratoire de sa coalition à Kaolack, d’où toutes les stratégies de sa campagne émanent.

D’une certaine façon, vous avez toujours été politique, mais comment expliquez-vous ce passage de l’activisme politique avec Y’en a Marre, à cette situation de candidat à la mairie ?

C’est une décision difficile, qu’on ne prend pas sur un coup de tête. En ce qui me concerne, ce n’est pas une recherche de reconnaissance, de sinécure, encore moins la recherche d’un poste de responsabilité. En effet, cela a été une décision longuement murie, des années de réflexion sur mon action, le sens à donner à mon engagement, sur l’efficacité de mon action publique. Il m’a fallu du courage pour enfin décider que la meilleure manière de servir, est de venir m’occuper de mon terroir, des miens, car personne ne fera Kaolack à notre place.

Pourquoi une entrée aussi tardive sur ce terrain de la politique politicienne ?

Il fallait que les choses arrivent à leur maturation. En plus, il y avait mon engagement à Y’en a marre ; ma position de coordonnateur ne me permettant pas de faire ce pas. Ajoutés à cela, mes autres engagements en Afrique, notamment dans le cadre de Pplaaf (Plateforme de protection des lanceurs d’alerte en Afrique). En outre, je me suis motivé davantage en constatant qu’à Kaolack, il y avait plusieurs associations, mouvements politiques et citoyens de jeunes se battant, au quotidien, pour se réapproprier leur ville. Il fallait les fédérer autour de Jammi gox yi.

Aujourd’hui, quand vous voyez le visage de Kaolack, quelle analyse êtes-vous tenté de faire ?

A Kaolack, il n’y a jamais eu aucun programme, aucun débat d’idée. Les contradictions politiques se font sur la base d’individualités et non de propositions. En réalité, nous n’avons que des prédateurs qui ont pris le manteau d’hommes politiques, et n’ont jamais de vision politique pour Kaolack. Même dans le programme Pse, il n’y a pas un plan clair pour Kaolack. Pourquoi ? Parce que tout est pensé à partir de Dakar pour Kaolack. C’est pour cela que dans notre coalition, les propositions émanent de la base, du terroir. Pourtant, la population doit être mise au centre des affaires qui la concernent. C’est pour cela que je demande aux autres candidats, de débattre de Kaolack. On ne peut plus continuer à réciter son chapelet de promesses aux Kaolackois et partir. Kaolack est un sujet sérieux à plusieurs niveaux, faisant face à des problèmes structurels majeurs. D’abord, son cadre de vie mérite notre attention. L’avancée de la langue salée est telle qu’aujourd’hui, le sel gagne tristement du terrain pendant que tout le monde se tait. Ensuite, aujourd’hui, nous sommes considérés comme les habitants de la ville la plus sale du Sénégal. Sans parler du problème de l’emploi.

Quelle est la stratégie pour les campagnes en cours ?

Notre démarche s’articule autour de rencontres, contacts, tête-à-tête avec les Kaolackois, chez eux ou sur leurs lieux de travail, pour leur présenter le programme que nous déroulerons de façon participative, avec eux. Nous ne le faisons pas pour nous démarquer, mais c’est notre vision. Nous sommes en rupture avec cette façon de faire, qui consiste à poser arbitrairement des actions sans en discuter avec les Kaolackois. C’est toute la pertinence de notre coalition, qui est un re­grou­pement de leaders lo­caux engagés, qui n’attendent pas un man­dat pour servir leur localité.

Si vous sortiez vainqueur des élections, sur quels axes travailleriez-vous ?

Notre programme est divisé en trois phases reparties dans le temps. «Dox jàmm», la première phase, sera une période de diagnostic, de bilan. Il faudra faire les assises communales de Kaolack. Jusqu’ici, jamais les Kaolackois n’ont eu un plan commun de développement, partagé et accepté. Il faut un plan participatif de référence, que tous les Kao­lackois s’approprieront. D’autre part, ce sera également une phase d’audit, qui devra déboucher sur une feuille de route à dérouler sous le contrôle de tous, où que l’on se trouve.

«Naatal’, la deuxième phase, s’articule autour de plusieurs volets prioritaires. L’as­sainissement en est un. L’as­sainissement non seulement de toute la commune, mais surtout de la berge du bras de mer, qui est dans un état piteux. Notre leadership à l’international nous permettra d’attirer des partenaires utiles pour y remédier, surtout que Kaolack est éligible. Il s’agira, en plus, de mettre fin à l’exploitation sauvage de ses ressources comme le foncier. Nous voulons d’ailleurs, aménager des boulevards, aires olympiques, où des jeunes pourront pratiquer le vélo et d’autres sports. Malheu­reusement, aujourd’hui, des individus de l’entourage de quelque candidat à la mairie, sont en train de spolier ces terres destinées à la détente.

Par ailleurs, Nous voulons transformer la grande décharge à l’est de Médina, en un espace vert et propre, où jardins publics, terrains de sports et autres aménagements pu­blics s’inviteront. Enfin, il faudra obligatoirement sortir les jeunes du seul métier qui existe à Kaolack dernièrement, celui de conducteurs de motos Jakarta. Il faut orienter les jeunes vers d’autres secteurs et non les y renforcer, comme l’entendent quelques candidats. C’est étonnant. C’est pour­quoi nous voulons créer les écoles de la «deuxième chance» pour la formation. Cela va réduire l’abandon que favorisent les motos Jakarta. Nous créerons ensuite des ateliers municipaux, qui sont des incubateurs à hauteur des collectivités locales, pour insérer les jeunes dans des projets, selon leurs vocations. En définitive, faire de Kaolack le berceau des possibles. Et une dernière phase, Yekketiku, plus tard, pour capitaliser les objectifs atteints à travers les phases précédentes.

Qui dit Fadel Barro, pense forcément à Y’en a marre. Pourquoi vous êtes-vous démarqué du mouvement ?

Nous avons fait notre temps, Y’en a marre, après tant d’années, était devenu une zone de confort. Et il fallait également donner leur chance à d’autres. C’est ma vision de la démocratie, tout simplement.

Quelle lecture faites-vous des déboires récents de vos camarades du mouvement ?

L’Etat a cassé des jeunes qui ont beaucoup fait pour la Nation. Heureusement, ils s’en sont sortis.

Si d’aventure, vous ne sortiez pas vainqueur des élections territoriales, resterez-vous pour autant sur la scène politique ?

Notre travail se poursuivra avec ou sans la mairie. Nous voulons les Kaolackois plus que la mairie, qui n’est qu’un outil en fin de compte, pour exprimer pleinement notre vision pour Kaolack.

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