Des salariés du groupe énergétiques sont en grève, mercredi, contre la demande de l’exécutif, actionnaire, de vendre plus d’électricité à bas prix à ses concurrents.
L’exécutif souhaitait à tout prix limiter la casse pour les ménages, mais chez EDF, on apprécie guère la manœuvre. Des salariés du groupe sont donc en grève, mercredi 26 janvier, contre la demande de l’État-actionnaire de vendre à bas prix à ses concurrents davantage d’électricité. Face aux prix qui ne cessent de grimper depuis des mois, le gouvernement avait décidé, mi-janvier, de dégainer un arsenal de mesures pour limiter l’impact sur les consommateurs et les entreprises et contenir l’augmentation des tarifs réglementés à 4%, comme promis.
Chez l’énergéticien, la dernière mesure annoncée a suscité une levée de boucliers: le gouvernement a demandé à EDF d’augmenter de 20 terawattheures (TWh) le volume d’électricité nucléaire vendu à prix réduit à ses concurrents, pour le faire passer de 100 à 120 TWh à titre exceptionnel. Cette mesure aura « un coût pour EDF compris entre 7,7 milliards et 8,4 milliards d’euros en fonction des prix de marché », avait indiqué le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire.
Après cette annonce, les quatre principaux syndicats du secteur énergétique ont lancé un appel à la grève des salariés d’EDF mercredi, alors que le groupe est déjà aux prises avec de nouveaux retards pour l’EPR de Flamanville (Manche) et avec l’extension à de nouveaux réacteurs d’un problème de corrosion sur des systèmes de sécurité. « Au bout du bout, ceux qui vont payer, ce sera toujours les citoyens, au travers de leur facture. Au travers de leurs impôts aussi, parce que, s’il y a une recapitalisation et autres, tous ces milliards qui sont dilapidés, c’est bien quelque part le citoyen lambda qui le paie aussi », a estimé Fabrice Coudour, pour la CGT.
Non à la casse de l’entreprise
« Cette journée du 26, c’est une mobilisation pour que les salariés affirment à l’Etat qu’ils ne sont pas prêts à ce que l’on casse leur entreprise », déclare de son côté Amélie Henri, secrétaire nationale CFE-Unsa Energies pour EDF. Lors d’un déplacement en fin de semaine dans le nord de la France, la ministre de l’Industrie, Agnès Pannier-Runacher, a assuré qu’il n’était « pas question » de « fragiliser » EDF. « Le principal actionnaire d’EDF c’est l’État. Donc c’est l’État régulateur qui prend ses responsabilités et qui défend les Français, leurs emplois et leur pouvoir d’achat. Et l’État actionnaire prendra ses responsabilités et sera aux côtés d’EDF pour faire en sorte qu’EDF traverse cette période et puisse renforcer sa situation », a-t-elle affirmé.
Sans intervention pour obliger EDF à fournir de l’électricité à des prix plus bas, le gouvernement affirme que 150 entreprises françaises auraient pu fermer en raison de la flambée des prix de l’électricité. Les tarifs réglementés auraient bondi de 45% le 1er février, selon le régulateur, qui calcule des hausses annuelles en fonction des prix du marché. Fait rare, cette mesure gouvernementale a ému jusqu’aux plus hautes sphères de l’entreprise: dans un message interne aux cadres d’EDF, le PDG Jean-Bernard Lévy a vivement critiqué la décision du gouvernement, qu’il a « combattue » et qu’il a décrite comme un « véritable choc ».
Des baisses de production possibles
L’intersyndicale espère mercredi « un taux de mobilisation le plus élevé possible, comme on a pu en connaître par le passé », a indiqué Amélie Henri. Des rassemblements sont prévus, notamment devant certaines centrales nucléaires du groupe, comme à Golfech (Tarn-et-Garonne) et Gravelines (Nord).Des baisses de production d’électricité sont possibles, de l’avis de l’ensemble des sources syndicales interrogées par l’AFP, mais elles ne devraient pas pénaliser les ménages et les entreprises. « On n’est pas dans une logique de casser notre outil de travail, puisque notre revendication, c’est bien de préserver notre entreprise », a indiqué Amélie Henri.