Aliou Sall a lancé samedi son mouvement politique, dénommé Rencontre nationale des forces républicaines pour le travail (Renfort). Renfort se démarque de l’APR et compte participer aux prochaines échéances électorales
A Kolda, Aliou Sall a lancé samedi son mouvement politique, dénommé Rencontre nationale des forces républicaines pour le travail (Renfort). Si elle affirme son ancrage dans le camp présidentiel, Renfort se démarque de l’Apr et compte participer aux «échéances électorales futures». Législatives et Présidentielle ?
«A partir d’aujourd’hui, les acteurs de Guédiawaye auront un autre Aliou Sall.» Au sortir de sa défaite à la mairie de Guédiawaye, Aliou Sall annonçait la couleur sur sa nouvelle approche, à travers sa sortie du 21 février dernier. Mais ce week-end, l’ancien maire a surpris le monde politique en lançant samedi, à Kolda, le mouvement Rencontre nationale des forces républicaines pour le travail (Renfort). L’activité qui a enregistré la présence de représentants de 27 départements sur 46, semble marquer la rupture entre Aliou Sall et l’Alliance pour la République (Apr). S’ils affirment leur appartenance au camp présidentiel, Aliou Sall et ses camarades comptent lui «apporter une bouffée d’oxygène». Le Quotidien a pu se procurer un extrait du texte d’orientation aux allures de manifeste. Renfort indique : «Cette mouvance présidentielle a besoin de respirer en se massifiant, pour aider le Président (Macky Sall) à atteindre ses objectifs.»
L’ancien maire vise les «échéances futures»
L’autre signe qui sonne comme un divorce entre le président sortant de l’Association des maires du Sénégal et son parti, est l’ambition de s’implanter dans les 46 départements du pays, «en mettant en place des antennes et unités primaires dans les quartiers afin de préparer les échéances futures». Sans préciser que ce sont les Législatives uniquement qui sont visées, Aliou Sall va-t-il se lancer à la prochaine Présidentielle ? Le Président Macky Sall a-t-il béni ou non ce mouvement politique ?
Coordonnateur de Renfort, Aliou Sall sera assisté de 3 vice-coordonnateurs et d’un Administrateur général.
D’ailleurs, le présentateur du comité provisoire a commis un lapsus en parlant d’administrateur du parti avant de préciser que c’est un mouvement, créant l’hilarité générale. Si lors du point de presse sanctionnant la fin du huis clos, le mouvement s’est engagé à «défendre le régime», des piques ont été lancées, en interne, au parti présidentiel. «Nous sommes presque tous de l’Apr. Je milite à Tambacounda, mais le parti a des problèmes. L’Apr traine beaucoup d’insuffisances», a déclaré Aminata Dia, membre du mouvement.
Dans son manifeste, la Renfort s’engage à redonner à la politique ses lettres de noblesse. «Elle va réunir les cadres et masses populaires dans le champ politique. Notre mouvement va s’appuyer sur les valeurs morales, la solidarité et la camaraderie, plutôt que sur la quête de l’intérêt individuel. Notre viatique est le culte du travail, le principal levier du développement, comme nous l’ont rappelé tous les érudits de ce pays», énoncent Aliou Sall et Cie. Le mouvement déplore aussi qu’au Sénégal, les ressources humaines de qualité sont souvent écartées du champ politique car souligne-t-il, ces individus considèrent «la politique comme un monde à part, caractérisé par l’absence d’éthique et de morale». Pour Aliou Sall, cette note sera la «torche» pour ce mouvement, beaucoup plus proche d’un parti politique dans ses orientations.
«L’irrédentisme, le manque de patriotisme et le degré de violence…»
En outre, la Renfort souligne les énormes retombées financières que le Sénégal pourrait tirer de l’exploitation du pétrole et du gaz. «Même si dans un court terme, l’avenir du pays semble radieux, seules la paix sociale et la cohésion nationale, gages de stabilité politique, pourront permettre à tous les Sénégalais de bénéficier de cette manne financière. Or, l’irrédentisme, le manque de patriotisme et le degré de violence peuvent compromettre les chances et l’avenir du pays, si les forces républicaines ne se mobilisent pas autour des valeurs cardinales», alerte la Renfort. Ainsi, le mouvement cherchera à «aider et accompagner les femmes pour réduire le chômage et le sous-emploi».
L’Apr aphone
Dans le même ordre d’idées, Aliou Sall et ses camarades comptent œuvrer pour «l’accès équitable à une éducation de qualité, un système sanitaire efficace et efficiente, l’accès à la terre, à des sources de revenus décentes». La principale préoccupation déclinée par la Renfort, est «l’atteinte de l’équité économique, l’équité sociale et territoriale pour un développement équilibré et endogène du pays». Dans l’actualité, le mouvement de Aliou Sall dit avoir déjà commencé à réfléchir sur les problématiques liées à la monnaie, l’économie, l’agriculture, les mines et l’industrie. «Nous nous exprimerons sur l’école et l’université, la santé et l’environnement, la sécurité intérieure et extérieure du pays, la diplomatie, en nous fondant sur des éléments factuels. La Renfort est l’éclosion d’une véritable force de propositions, une contribution à la démocratie et à la bonne gouvernance», liste-t-on.
Bref, l’objectif visé est de «renforcer la démocratie, rendre meilleure la vie de toutes et de tous, en leur donnant des chances de s’épanouir pour pouvoir accéder à la terre, à l’eau, l’électricité et à la connectivité». Au sein de l’Apr, l’on n’a pas voulu commenter l’acte posé par Aliou Sall. Mais d’après de hauts responsables, l’ancien maire de Guédiawaye «a acté son départ». Seydou Guèye, porte-parole de l’Apr, et son adjoint, Abdou Mbow, n’ont pas voulu répondre à nos interpellations.