Figure majeure et farouche du cinéma, l’acteur aux 120 films, révélé aux côtés de Bardot dans «Et Dieu… créa la femme», a promené son élégance chez Lelouch, Bertolucci, Chéreau ou Haneke. Obsédé par l’idée du suicide et marqué par les tragédies intimes, il est mort ce 17 juin à 91 ans.
par Anne Diatkine
Régulièrement, dès ses débuts au cinéma en 1956 au côté de Bardot dans le succès planétaire Et Dieu… créa la femme, Jean-Louis Trintignant prit l’habitude de s’éclipser. Sans tapage et des centaines de fois en soixante ans, il arrêtait le cinéma, annonçait qu’il ne ferait plus jamais l’acteur. Ce n’était pas des coquetteries. Parfois il disparaissait vraiment, invisible plusieurs mois, coupant toutes les lignes de communication. Malheureusement, aujourd’hui, il ne se contredira plus. Plus aucun metteur en scène, plus aucun cinéaste ne fera le voyage vers sa maison près d’Uzès (Gard), dans la garrigue où il vivait avec son épouse Marianne Hoepfner, une ancienne pilote de course, pour le persuader de revenir sur un plateau, le convaincre qu’un personnage a absolument besoin de lui, qu’il est attendu, ou que tout simplement, jouer lui ferait du bien.