Point de Presse Ordre des Architectes du Sénégal

Date:

Jean-AUGUSTIN-CARVALHO © Malick MBOW

  • ARCHITECTURE ET REGLEMENTATION – UNE PROFESSION AGRESSEE
    • L’ARCHITECTURE FACE A L’ART DE GERER

LA CITE

  • L’ARCHITECTURE AUX ARCHITECTES POUR UN MEILLEUR AVENIR

 

 

 

Mesdames, Messieurs les journalistes, honorables invités, chers consœurs et confrères,

 

A l’entame de mon propos, au nom de l’ensemble des architectes du Sénégal et au nom du Conseil que j’ai l’honneur de présider, je tiens particulièrement à vous remercier chaleureusement pour avoir répondu à cet appel, un instant d’échange, d’information, d’autres auraient dit d’état des lieux de notre profession, notre noble et beau métier qu’est l’Architecture, ici au Sénégal.

 

Par ailleurs, je précise que cette conférence de presse d’aujourd’hui ne peut et ne doit pas être perçue sous l’angle étriqué d’un quelconque corporatisme dans la mesure où la préoccupation qui nous vaut d’être ici concerne les règles qui doivent légitimement prévaloir quand il s’agit, de concevoir le cadre de vie de tous les sénégalais parmi lesquels nous comptons tous, et de manière générale quand il s’agit de sauvegarder la noblesse, le sacerdoce et la responsabilité qui incombe à toute profession réglementée ; j’ose sans hésiter affirmer que ce ne seront ni les médecins, ni les avocats, pour ne citer qu’eux, qui me contrediront, eux qui ont connu ces

 

maux et qu’ils ont combattu et vaincu au bout d’âpres batailles aidés en cela par leur tutelle gouvernementale.

 

Au fait, qu’est ce que le métier d’architecte ?

J’aime à le dire, avec un sourire au coin, que c’est sinon le plus vieux, l’un des plus vieux métiers au monde car oui… après le besoin vital et certes premier de se nourrir, l’homme a cherché à se protéger des intempéries, des agressions multiples et diverses dans le milieu où il évoluait ; ainsi sommes-nous passés de la caverne à la grotte, puis la hutte, la cabane, la maison, le gratte-ciel…, tous façonnés de la main et du génie de l’homme-bâtisseur.

Ici au Sénégal, même si nous sommes reconnus pour cette longue et grande tradition de bâtisseurs à l’image des Diolas avec la case à impluvium ou la case à étage, le métier d’architecte a été codifié sous le Président Senghor qui lui a donné toutes ses lettres de noblesse dès 1978 en créant l’Ordre des Architectes et en érigeant des lois relatives à l’exercice de la profession et portant orientation de l’architecture ; ce sont les lois 78-43 et 78-44 du 6 Juillet 1978.

 

Oui, le Président-poète avait très tôt compris que l’architecte, cet homme qui, par son savoir-faire repose la responsabilité d’organiser la CITE devait occuper une place centrale dans l’organigramme d’une nation, être un proche conseiller des décideurs ; c’est pourquoi il a toujours été constant dans son crédo en matière d’architecture, à savoir :

  • déclarer l’architecture comme étant d’intérêt et d’utilité publique
  • Reconnaître l’architecture comme étant une profession réglementée
  • Systématiser les concours d’architecture pour tous projets de l’état atteignant ou dépassant un certain montant

 

  • Bref le strict respect des lois et règlements régissant la profession d’architecte et l’Ordre des Architectes qui ici au Sénégal est un établissement public à caractère

 

Cependant, depuis quelques années et de plus en plus, nous constatons que le métier d’architecte souffre et est sérieusement bousculé au Sénégal ; nous observons que maintes formes de violations continuent de s’abattre sur notre pratique professionnelle et sa réglementation.

La qualité et la transparence qui en étaient recherchées au prix de la saine compétition en prenant le soin d’organiser les concours d’architecture gages de qualité et d’émulation de la créativité sont malheureusement abandonnées par l’Etat régalien à la faveur des méthodes « gré à gré » pour une commande publique assidue.

Comme vous l’avez constaté il y’a quelques jours, c’était au tour de la RTS pour une tour dont l’avènement de la première pierre posée à fait le tour du monde par la magie de l’image.

Justement, en parlant d’image on ne peut s’empêcher de penser celle d’un Sénégal si enclin à décliner ses concepts d’équité, d’égalité des chances, de contenu local et d’expertise nationale. Ces proclamations jurent avec ce que tout le monde a fini de constater, de vivre et de subir, et on pourrait encore citer ces projets d’hôpitaux annoncés là encore en grande pompe où l’expertise Sénégalaise est une fois encore ignorée ou simplement spoliée car ayant travaillé sur certains de ces projets des années durant puis tout bonnement écartée un beau matin au mépris des lois qui régissent ce pays.

Il est le lieu ici de préciser que ce n’est nullement une faveur que nous demandons mais simplement l’application des lois qui régissent la profession, à savoir la loi 2021-22 du 02 Mars 2021 qui abroge celles 78-43 et 78-43 particulièrement en son article 12

 

qui précise que « Nul ne peut porter le titre, ni exercer la profession d’architecte, s’il ne remplit entre autres conditions en son point 9 : être inscrit à l’Ordre des Architectes et à jour de ses obligations ordinales »

 

Dans un nouveau contexte marqué par l’ouverture de l’espace communautaire qu’est l’UEMOA, le bon réflexe aurait été pour chacun de nos états de promouvoir la compétitivité au plan national dans le respect de toutes les directives formulées et effectivement transposées par notre gouvernement.

Au contraire de ce qui précède et en matière de dialogue rompu il est à souligner qu’en dix ans jamais le Président de la République n’a reçu en audience l’Ordre des Architectes qui pourtant est en principe l’un de ses principaux conseillers en matière de construction. Dans un pays à construire cela est inexplicable et incompréhensible quand on sait qu’un Ordre ne s’exprime jamais comme un syndicat. Sa posture est verticalement arrimée à une tutelle gouvernementale. Nous manquons paradoxalement de TOUT ! Jusqu’à l’assainissement de notre champ d’exercice infestés par des faussaires qui officient et portent illégalement le titre d’architecte sans être poursuivis, jugés et condamnés à la hauteur du délit et des dangers qui en découlent.

 

Mesdames, Messieurs, c’est après chaque sinistre qui survient malheureusement, que nous sommes interpellés. Des micros nous sont tendus pour évoquer les mêmes causes et continuer d’esquisser des solutions connues de TOUS.

La réalité est que à peine de 7% des constructions au Sénégal sont faites par les architectes régulièrement inscrits et en droit d’exercer que nous sommes. En d’autres termes pas moins de 90% des retombées économiques dont aurait dû bénéficier les services de l’état dans notre secteur se perdent entre les non

 

architectes fonctionnant dans l’informel et cette vague d’étrangers architectes ou pas qui exercent en toute illégalité.

 

D’autre part l’assistance architecturale tarde à être effective et en adéquation avec les réalités économiques qui la justifie.

L’insuffisance de la formation des employés directes est remarquable sur les chantiers dont l’exécution souffre encore du non-respect des procédures et de l’exigence de contrôle et de suivi conséquent.

 

Notre réprobation est assimilable à ce cri du cœur dans un désert sablonneux dont la poussière est bénie par des affairistes enclin à lutter pour le triomphe de l’anarchie.

Non ! Non ! Et Non ! Cela ne doit plus marcher ainsi et nous interpellons l’Etat afin qu’il fasse prévaloir l’orthodoxie dans notre secteur d’activités qui est réglementé.

 

Le mal est là ! Et c’est pourquoi nous avons à nouveau pris ces trois jours pour tirer la sonnette d’alarme, interpeler les décideurs afin de rectifier le tir pendant qu’il est encore temps car nous sommes tous comptables devant les hommes de ce pays et devant l’histoire, de l’image de la CITE que nous voulons léguer aux générations futures.

 

 

Je vous remercie.

Jean Augustin Carvalho Président du Conseil de l’Ordre des Architectes du Sénégal

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