Gestion des inondations : en attendant l’arme fatale du gouvernement…

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Le Plan décennal de gestion des inondations 2023-2033, commandé par le chef de l’Etat, devrait permettre d’éradiquer définitivement le phénomène. D’ici à sa mise en œuvre, le gouvernement colmate les brèches par la prévention et la pose d’ouvrages de drainage et de pompage des eaux pluviales.

Vendredi 6 mai dernier, l’Agence nationale de l’aviation civile et de la météorologie (ANA-CIM) annonce une bonne et une mauvaise nouvelle. La bonne : l’hivernage sera arrosé avec des «évènements pluviométriques intenses» en vue. Les paysans peuvent afficher le sourire. La mauvaise : les pluies attendues risquent de provoquer de graves inondations. Les habi-tants des quartiers «sensibles», à Dakar et sa banlieue, comme dans plusieurs autres localités du pays, ne vont plus dormir les poings fermés.

Du côté du gouvernement, l’on n’est pas mieux loti. Les inondations hantent le sommeil des autorités, et ça dure depuis près de 20 ans. Le pouvoir de Macky Sall, à l’instar de celui de Abdoulaye Wade, tente de colmater les brèches en multipliant les initiatives de prévention et les ouvrages de drainage des eaux de pluies. Mais son arme fatale reste sans doute le Plan décennal de gestion des inondations 2023-2033 qu’il est en train de concocter.

Du Programme de lutte au Programme de gestion
Dès son arrivée au pouvoir, en 2012, Macky Sall avait fait adopter le Programme décennal de lutte contre les inondations (PDLI, 2012-2022). Celui-ci avait pour ambition de régler «défi-nitivement» le problème. Mais, malgré les 766,9 milliards de francs CFA engloutis, les résul-tats sont loin des attentes.

Une mission d’information parlementaire a passé le Plan au crible.Dans son rapport publié en juin 2021, elle salue la construction d’ouvrages d’assainissement et de logements pour les sinistrés. Cependant, elle signale que beaucoup restent à faire pour arriver à éradiquer le phénomène. Dans cette perspective, la mission parlementairea formulé une dizaine de re-commandations parmi lesquelles l’harmonisation de la lutte contre les inondations et le ren-forcement du contrôle de l’occupation des zones sensibles.

Prenant la balle au bond, le chef de l’Etat a demandé au gouvernement, en Conseil des mi-nistres, de formuler «un Programme décennal de gestion des inondations (2023-2033), en cohérence avec le Plan national d’aménagement et de développement des territoires (PNADT) et dans une dynamique de développement de la politique d’assainissement».

Cette nouvelle recette devrait permettre de venir à bout d’un phénomène qui tient tête ces dernières décennies aux pouvoirs successifs et empêche les populations de plusieurs quar-tiers de Dakar et sa banlieue ainsi que celles de nombreuses localités de l’intérieur du pays, d’accueillir la saison des pluies avec le même enthousiasme que les paysans.

Mesures d’urgence

Le sujet était au menu, ce mercredi, du onzième épisode des face-à-face bimensuels entre le gouvernement et la presse. Le ministre de l’Eau et de l’Assainissement, Serigne Mbaye Thiam, qui était aux côtés de ses collègues de l’Elevage et des Productions animales, Ali Saleh Diop, et des Collectivités territoriales, du Développement et de l’Aménagement des terri-toires, Oumar Guèye, a tenté de rassurer les populations en annonçant les mesures d’urgence pour lutter contre les inondations.

Serigne Mbaye Thiam assure que depuis plus de deux mois les services compétents sont sur la brèche. «Lors de notre réunion avec le Comité national de gestion des inondations, nous avons élaboré un document dans lequel nous avons recensé tous les points critiques, la zone concernée, la problématique qui est posée, les actions qui sont mises en œuvre, la structure compétente et les délais dans lesquels les actions doivent être mises en œuvre», a-t-il énuméré.

La lutte contre les inondations commence par des actions de prévention. Face aux journa-listes, le ministre de l’Eau et de l’Assainissement a laissé entendre que les mesures déjà prises et les actions envisagées en ce sens permettront d’assurer «un fonctionnement optimal de tous les ouvrages de drainage des eaux pluviales». «Il s’agit notamment du curage des réseaux de drainage des eaux pluviales et des bâches de pompage, du faucardage et du désherbage des bassins d’infiltration ou de stockage, et de l’entretien des équipements», a détaillé Serigne Mbaye Thiam.

Ensuite, il faudra mettre en place un dispositif de pompage des eaux pluviales, surtout dans les zones sensibles dépourvues d’exutoires. «En plus de celles acquises en 2021, au nombre de 32, le président de la République a autorisé l’acquisition de 80 motopompes et de 45 élec-tropompes pour la Brigade nationale des sapeurs-pompiers et les Forces armées», a révélé le ministre.

Ce dernier a assuré que ce dispositif a montré son efficacité. A l’en croire, il a été testé avec succès à Taïba Niassène (Kaolack) lors des pluies de la nuit du 27 au 28 mai dernier. Cette localité avait enregistré 127 millimètres d’eau et pourtant, les populations et les habitations ont été préservées.

Test réussi à Taïba Niassène

Avant le face-à-face du gouvernement avec la presse, Serigne Mbaye Thiam avait déjà entamé une tournée dans les zonessensibles. C’est dans ce cadre qu’il était dans la banlieue de Dakar jeudi 2 juin. Le ministre de l’Eau et de l’Assainissement voulait mesurer l’état d’avancement des travaux d’installation des ouvrages destinés à lutter contre les inondations.

«Les chantiers sont exécutés dans de bonnes conditions. Et les techniciens nous ont assurés que, pour la plupart, les travaux pourront être terminés dans le courant du mois de juin», révèle le ministre au terme de sa visite. Serigne Mbaye Thiam n’a pas manqué d’admettre que certains travaux ne seront pas terminés avant l’hivernage. En cause, selon lui : les longs dé-lais de passation et d’exécution des marchés.

Les travaux en cours à Keur Massar sont une promesse du chef de l’Etat. Ils comprennent une canalisation, dont l’exécution se fait à «un rythme satisfaisant», et deux bassins. L’un est situé au niveau de la forêt classée de Mbao, où sont déversées les eaux de Keur Massar, et l’autre, se jette vers Mbeubeuss.

«Ce que nous avons vu, nous rassure, sourit Serigne Mbaye Thiam. Les populations, elles-mêmes, ont constaté que des progrès ont été réalisés comparé à la situation de septembre 2020quand le chef de l’Etat annonçait le lancement d’un programme d’urgence au niveau de Keur Massar.»

Le ministre a promis de poursuivre sa tournée dès lundi prochain. Il visitera des zones sen-sibles à Dakar et dans cinq autres régions du Sénégal.

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