Tout juste confirmée par Emmanuel Macron, la Première ministre est confrontée cette semaine à un casse-tête : trouver un accord de gouvernement avec des membres de l’opposition.
Sonder si un « accord de gouvernement » est possible : la nouvelle mission confiée par Emmanuel Macron à Élisabeth Borne s’annonce ardue. Au sein de la majorité, certains n’y croient pas tandis que les oppositions ont déjà refusé de servir de « béquille ».
Le chef de l’État a renouvelé samedi sa « confiance » à la Première ministre « dans la durée », malgré le risque de blocage post-législatives.
Au retour du président français des sommets du G7 en Allemagne et de l’Otan en Espagne, jeudi 30 juin, Élisabeth Borne devra faire des propositions « pour une feuille de route » et « pour la composition d’un nouveau gouvernement d’action » qui sera mis en place « dans les premiers jours du mois de juillet », a indiqué Emmanuel Macron dans un entretien samedi à l’AFP.
D’ici là, elle consultera de nouveau les groupes parlementaires à partir de lundi, notamment sur un possible « accord de gouvernement » – voire leur participation à un gouvernement – ainsi que sur le vote des prochains textes de loi.
Mais chez Les Républicains, principale formation vers laquelle semble se tourner le président, le nouveau patron des députés Olivier Marleix refuse « de servir de béquille au pouvoir ». « Nous voulons être utiles aux Français » et « c’est ce qui nous animera lors de l’examen de chacun des textes », a-t-il répété au Journal du dimanche.
Sophie Taillé-Polian, vice-présidente des députés écologistes, assure aussi que « évidemment non », son groupe ne rejoindra pas la majorité présidentielle.
« Pas l’intérêt des partis qui viennent d’être élus » de passer un accord
Au sein de la majorité, certains sont sceptiques. Le patron du MoDem François Bayrou ne pense pas que des « accords d’appareil » ou une « coalition » soient possibles avec des oppositions. « Peut-être le sens de la persuasion va faire bouger les choses… » Mais le dirigeant centriste croit plutôt « à un gouvernement des bonnes volontés et aux majorités d’idées ».
« Confiant mais pas optimiste », le député LREM Gilles Le Gendre constate aussi que « manifestement, les forces politiques de gouvernement ne sont pas prêtes à la grande coalition telle que nous pourrions la rêver sur un modèle à l’allemande ». Cependant, « il y a des personnalités qui ont exprimé le désir de travailler » avec la majorité.
Élisabeth Borne a « une marge de manœuvre assez étroite », note également sur franceinfo Marc Lazar, directeur du Centre d’histoire de Sciences-Po. Car « ce n’est pas l’intérêt des partis qui viennent d’être élus » de passer un accord, cela risque « de les diviser profondément ».
Le chercheur souligne aussi le laps de temps très restreint accordé à la cheffe de gouvernement, alors que « dans tous les autres pays européens, quand on s’engage dans des contrats de gouvernement, cela peut durer des mois ».
À l’Élysée, on espère cette semaine des « clarifications » puisqu’au sein des oppositions il y a « des voix dissonantes » – certains étant « fermés » quand d’autres montrent « une disponibilité ».
Avec 245 députés, Emmanuel Macron a obtenu la majorité relative la plus basse de l’histoire de la Ve République. Mais des parlementaires sont décrochés un à un, si bien qu’Élisabeth Borne comptait jeudi 252 députés, à 37 voix de la majorité absolue.
La Nupes va déposer « une grande loi d’urgence sociale »
Pour l’insoumis Éric Coquerel, le président « fait mine de maîtriser la situation ». « Jupiter patauge », renchérit François Ruffin.
Leur formation, tout comme le Rassemblement national, est exclue par le chef de l’État de tout projet de coalition car ils « ne s’inscrivent pas comme des partis de gouvernement ».
Le numéro 2 de LFI Adrien Quatennens a assuré dimanche qu’il n’y avait « pas d’arrangement possible » avec un gouvernement d’Emmanuel Macron. Et « pas de risque » à ses yeux d’un éclatement de la Nupes sur la question.
Néanmoins, le secrétaire national du Parti communiste, Fabien Roussel, fait planer le doute: « Nous soutiendrons tout ce qui va dans le sens de la défense du pouvoir d’achat des Français » a-t-il indiqué sur LCI, mais « nous ne pourrons pas participer à un gouvernement qui prévoit d’allonger l’âge de départ à la retraite ».
Ceux qui, de l’alliance de gauche, rejoindraient le gouvernement seraient dans une « mésaventure individuelle », selon l’insoumise Clémentine Autain.
La Nupes s’apprête à déposer « une grande loi d’urgence sociale » et les députés LR vont également mettre sur la table des propositions sur le pouvoir d’achat. Le texte gouvernemental en préparation propose la hausse de 4 % d’une série de prestations sociales.
Avec AFP