Alors que le réchauffement climatique raréfie les ressources en eau potable, des ingénieurs tunisiens ont présenté à Vivatech, le salon de l’innovation technologique français, une machine capable de transformer l’air sec en eau.
En entrant dans le salon Vivatech, le 17 juin 2022, porte de Versailles à Paris, les visiteurs tombent tout de suite sur un drôle d’objet évoquant un robot soigneur sorti tout droit de Star Wars ou de Wall-E, le célèbre film Pixar.
Une forme d’œuf, toute blanche, avec un robinet et un petit écran tactile. Sur le dessus, une sorte de petite cheminée, qui laissait entendre un léger ronflement. Tout sourire, Iheb Triki, l’un des deux fondateurs de la société Kumulus attend à côté de sa création. C’est un générateur de rosée : un objet capable de transformer l’air sec en eau.
Successions de filtres
Le fonctionnement est simple. C’est une succession de filtres, précise Iheb. « L’air est filtré contre les particules en premier lieu. Après, cet air-là rentre dans la chambre froide. C’est là que le phénomène de la rosée a lieu. L’air continue ensuite son chemin. L’eau qui a été créée via le phénomène de rosée passe par un filtre contre les particules et deuxième filtre contre les bactéries avant d’être minéralisée puis stockée. »
L’appareil électrique est fabriqué en grande partie avec des matériaux facilement recyclables : de l’inox et de l’aluminium. Le réservoir, lui, se remplit en continu.À Dubaï, la machine produirait de 40 à 50 litres en moyenne par jour. Au fond du désert tunisien, dix litres.
Une unité de cette innovation permet donc de fournir de l’eau, selon l’endroit à 10 voire 30 personnes environ. Autant d’individus qui consommeront donc beaucoup moins de plastique, qui auront leur propre source d’eau même en plein milieu du désert, tout en évitant le transport de bouteilles en plastiques.
Un système d’abonnement
Le prix n’est cependant pas communiqué, parce que la machine ne s’achète pas, elle se loue. Iheb précise : « On n’est pas dans la vente de la machine, on est dans la vente de l’eau. Et donc, du coup, quand on vous donne la machine, vous nous payez pour le service qu’il y a derrière, changement de filtre, maintenance, veille, via notre web App, mais surtout les tests qu’on fait de manière quotidienne et mensuelle aussi pour la qualité de l’eau. » D’après la société, le prix au litre est 10 à 20 % moins cher que l’eau minérale en bouteille.
Cette invention n’est donc pas tant à destination des individus mais pour des groupes. Kumulus vise des ONG, des sociétés, des collectivités locales, et même le BTP… avec parfois des résultats étonnants. « On l’a testée à côté d’une usine chimique de produits chimiques. La pollution n’est pas visible, mais elle est dans l’air. L’eau était bonne. La raison est simple : il y a assez de filtres mais en plus le phénomène de condensation fait que certaines particules, notamment les métaux lourds, sont naturellement filtrés », affirme Iheb Triki.
Avec cette machine au design inspiré des jarres antiques, Kumulus espère, malgré son système d’abonnement, attirer des clients du continent africain et du Moyen-Orient.