« Lupin », l’énorme série à succès de Netflix en France, ne fait pas que des heureux : dans la cité normande, on déplore l’afflux de fans de la fiction.
Par Le Point.fr
Grand succès pour une production française, Lupin, produit par Netflix, est entré dans l’histoire. En 2021, la série a atteint 70 millions de visionnages en moins d’un mois, a assuré la plateforme de streaming. Du jamais-vu. Si les premiers épisodes ont été tournés à Paris, au musée du Louvre, sur le pont des Arts ou encore au jardin du Luxembourg, Lupin emmène Omar Sy et sa famille prendre l’air en Normandie. Celui-ci se rend avec femme et enfant à Étretat, où l’on célèbre chaque année la « fête d’Arsène Lupin ».
Si les touristes sont nombreux à visiter la ville depuis des décennies, la cité normande a vu ses chiffres de fréquentation bondir l’an dernier, estimés à un million de visiteurs. Grâce notamment au succès du programme Netflix. Une situation qui ne ravit pas les locaux, rapporte Le Parisien.
« On a l’impression d’être devenu le musée d’Omar Sy »
Maryse Alix, la directrice du Clos Lupin, l’ancienne maison secondaire du romancier Maurice Leblanc, dans laquelle il résida 20 ans, explique que « la fréquentation du musée a été multipliée par dix ». « Notre chiffre d’affaires avait bondi de 300 %, malgré sept mois de fermeture […] On a l’impression d’être devenu le musée d’Omar Sy alors qu’on n’a rien à voir avec ça », déplore-t-elle auprès du journal.
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Preuve de la folie qui entoure la ville, des habitants, excédés, ont bricolé une barrière avec une poubelle et une chaîne en plastique pour barrer l’accès à leur résidence où des touristes tentent de se garer, faute de place dans le parking aménagé. La rue principale jalonnée de boutiques de souvenirs est prise d’assaut par les vacanciers et provoque de nombreux bouchons. Le flot incessant de touristes, qui parlent allemand, anglais, néerlandais, espagnol ou italien, sature la cité normande. Et les habitants en ont ras le bol.
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« La mairie ne veut plus d’articles sur Étretat, il y en a trop, maintenant, elle veut faire du démarketing », affirme la directrice du Clos Lupin. « On souhaiterait un tourisme raisonné, mais on n’arrive pas à réglementer, on n’a jamais connu ça », indique de son côté le maire de la ville, André Baillard, longtemps prisée des peintres et des artistes comme Maupassant, Offenbach ou Monet. « Il ne faudrait pas plus de 5 000 personnes au total pour être bien, mais on dépasse souvent les 6 000 ou 7 000 », ajoute-t-il. La situation actuelle est devenue une raison de déménagement pour de plus en plus d’Étretatais. « On a perdu 400 résidents ces 20 dernières années. Encore le mois dernier, deux jeunes couples m’ont annoncé qu’ils partaient », regrette l’élu.