Alors que Liz Truss n’est à Downing Street que depuis un peu plus d’un mois, elle a déjà du braver plusieurs tempêtes.
Est-ce le début de la fin à Downing Street pour Liz Truss?
Il faut se frotter les yeux pour y croire. Six semaines seulement après son arrivée au 10 Downing Street, Liz Truss a dû sacrifier sa pièce maîtresse, Kwasi Kwarteng, le cerveau de sa thérapie de choc. Tous les deux avaient passé une partie de l’été à travailler sur un programme d’urgence économique des plus ultralibéraux. Annulation des hausses d’impôts pour les sociétés, plafonnement des taxes pour les plus fortunés qu’il a fallu finalement passer à la trappe, bouclier tarifaire sur la hausse des prix de l’énergie. Avec quelles recettes, ce programme estimé à 45 milliards de livres sterling? Avec les fruits de la croissance attendue, promettaient-ils.
Même la City, pourtant audacieuse parfois, n’y a pas cru. Il a fallu que la Banque d’Angleterre fasse un chèque en urgence fin septembre de 60 milliards de livres pour racheter des obligations d’État de long terme afin de calmer les marchés. Face à des rumeurs de destitution interne, Truss a renvoyé son grand argentier, le premier d’origine africaine au Royaume-Uni, pur produit de la méritocratie britannique. Pis, elle s’est résolue à le remplacer par un lieutenant de son rival dans la course pour succéder à Boris Johnson. Jeremy Hunt avait fait campagne pour l’ex-chancelier de l’Échiquier Rishi Sunak. Sa modération et son expérience sont récompensées. Mais pour combien de temps? «J’ai l’impression que c’est la fin et qu’elle sera partie d’ici à la fin de la semaine prochaine», confie au magazine Politico un député qui a soutenu Liz Truss dans sa bataille pour reprendre le parti.
Le problème, c’est que l’alternative conservatrice à Truss serait peut-être pire. Changer trois fois de Premier ministre en trois ans sans passer par la case des élections générales, prévues dans deux ans, risquerait de desservir celui ou celle qui prétendrait lui succéder. Alors que tenir jusqu’en 2024 permettrait d’espérer un rebond face aux travaillistes de Keir Starmer. «Il faut en finir avec l’idée que les gouvernements sont faits pour perdre les élections, c’est à l’opposition de les remporter», a-t-il dit hier dans une interview au Guardian alors que son parti a déjà 30 points d’avance sur les conservateurs si un scrutin était organisé demain. Hier, la popularité de Liz Truss était de 21% tandis que 11% seulement des Britanniques pensent que son gouvernement va dans la bonne direction, selon le dernier sondage.