CORROMPUS, MAIS PAS FOUTUS

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PAR OUMOU WANE
Oumou WANE s'exprime sur l'affaire BICTOGO
Oumou WANE © Malick MBOW

Le président Macky Sall doit savoir que le problème de la corruption est récurrent dans notre pays et qu’il nourrit le ras-le-bol des populations

Oumou Wane  |   Publication 20/12/2022

 

Le plus triste et choquant avec la corruption, c’est qu’elle affecte souvent les populations vulnérables en détournant les fonds indispensables à l’éducation ou à la santé.

Et même si tout cela devient très lassant, nous ne devons jamais cesser de nous indigner contre ce fléau érigé en mode de fonctionnement dans notre pays. Cette fois-ci, c’est du fonds de riposte au Covid-19 qu’il s’agit et le Sénégal vient de toucher le fond !

Dans un rapport récent, c’est la Cour des comptes de notre pays, qui épingle la mauvaise gestion de ces fonds, pour ne pas dire, mais disons-le quand même, leur détournement. Selon la Cour, des « fautes et des infractions pénales » présumées ont été commises durant les années 2020-2021 dans la gestion de ce fonds, mis en place par le président Macky Sall, et dont l’objectif était de renforcer en urgence le système de santé défaillant de notre pays, soutenir les ménages, la diaspora et les entreprises privées et maintenir un approvisionnement correct du pays en produits médicaux, pharmaceutiques et denrées de base.

Il est évident que nos gouvernants ne sont pas “tous pourris” et que notre président qui a lui-même mis en place ce fonds ne peut pas contrôler chacune de nos dépenses publiques, mais enfin à force, il doit savoir que le problème de la corruption est récurrent dans notre pays et qu’il nourrit le ras-le-bol des populations.

La corruption freine la croissance économique, nuit à l’État de droit, met en péril la démocratie et entraîne un gaspillage de précieuses ressources. La corruption, c’est comme un air pollué qu’on respire et malgré les annonces des dirigeants pour l’enrayer, elle persiste et l’exemplarité qui devrait être le socle de l’action publique est responsable au contraire d’une aggravation de la situation.

Évidemment donc que la justice doit se saisir des recommandations de la Cour des comptes sur la gestion des fonds destinés au Covid-19. Notre préoccupation, c’est que les citoyens aient de nouveau un jour confiance en leurs dirigeants. Dans son rapport, la Cour relève aussi des conflits d’intérêts et entorses au Code des marchés. Elle réclame l’ouverture d’une information judiciaire contre au moins dix responsables nationaux.

Plus de 700 milliards de FCFA avaient été mobilisés pour la riposte Covid-19 par les bailleurs et les sénégalais, soit plus de 1 milliard d’euros. Sur plus d’une centaine de pages, le rapport de la Cour des comptes charge lourdement la gestion de ce fonds.

Des surfacturations en veux-tu en voilà, des détournements d’objectifs à tout va, du braquage en règle sur cette manne financière.

Comment dans ces conditions, ne pas établir un cercle vicieux entre pauvreté et corruption ?

Pour les pauvres, les femmes et les minorités, la corruption se traduit souvent par un accès encore plus restreint à l’emploi, à l’éducation et aux soins.

La corruption est une maladie politique grave et c’est le rôle de notre président de sévir à l’égard de ce système et de rétablir l’État de droit dans notre pays en remaniant s’il le faut, pour vider nos institutions de ces délinquants en col blanc.

L’opposition veut se pencher sur le rapport de la Cour des comptes et faire la lumière sur ces « fautes » de gestion. C’est son rôle de faire en sorte que ce débat soit posé à l’assemblée nationale.

Mais au-delà de ces débats, c’est bien une réflexion globale qu’il faudra mener pour lutter contre ce fléau. Une culture de la vigilance qui est l’affaire de tous. Contre les professionnels de la corruption, il faut que tout le monde se mobilise. C’est au peuple et aux jeunes sénégalais aussi de remettre en question cette éducation à la triche et au mensonge. Notre pays est corrompu mais je ne le pense pas définitivement foutu. Nous n’avons plus qu’à le refaire, un peu plus équitable, pour nos petits-enfants.

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