Le président syrien Bachar al-Assad a accusé mercredi l’Occident de duplicité en pleurant sur le sort des réfugiés syriens tout en alimentant, selon lui, la guerre qui les pousse à l’exil.
« C’est comme si l’Occident pleurait d’un oeil sur les réfugiés et du second les visait avec une arme », a déclaré le chef de l’Etat syrien lors d’un entretien à des médias russes diffusé mercredi.
« L’Occident (…) soutient les terroristes depuis le début de la crise et (fait porter la responsabilité de ce qui se passe) sur le régime », a-t-il souligné dans sa première réaction au drame des migrants.
Le régime de Damas désigne par le terme « terroristes » les dissidents politiques qui ont choisi la lutte pacifique, les rebelles qui ont pris les armes et les jihadistes dont ceux du groupe Etat islamique (EI).
« Si l’Europe est tellement concernée par le sort des réfugiés, qu’elle arrête de soutenir le terrorisme », a martelé M. Assad.
Nombre de pays européens soutiennent l’opposition « modérée » à M. Assad mais luttent en revanche contre les jihadistes de l’EI.
Plus de 500.000 migrants ont traversé les frontières de l’Union européenne entre janvier et août de cette année, selon l’agence européenne Frontex. Une majorité vient de Syrie.
La guerre dans ce pays a débuté par des manifestations pacifiques de citoyens demandant davantage de démocratie en 2011. Réprimées par le régime de M. Assad, elles ont dégénéré en rébellion armée puis en guerre civile.
Plus de 240.000 personnes sont mortes en quatre ans et demi.
– ‘Discussions entre militaires’ –
Sur le front diplomatique, l’émissaire de l’ONU Staffan de Mistura est attendu jeudi à Damas pour discuter d’un document présenté comme un « recueil d’idées » qu’il a récoltées auprès d’interlocuteurs rencontrés dans les rangs de l’opposition, du régime et de la société civile, pour un règlement du conflit.
A l’ONU, Ban Ki-moon a annoncé qu’il allait organiser fin septembre, en marge de l’Assemblée générale, une réunion sur la Syrie des ministres des Affaires étrangères des cinq membres permanents du Conseil de sécurité (Etats-Unis, France, Russie, Chine, Royaume-Uni). Il a exhorté ces pays, profondément divisées sur la crise syrienne, « à faire preuve de solidarité ». « Il est temps d’agir » pour mettre fin au conflit, a-t-il affirmé.
M. Ban a critiqué le renforcement par Moscou de son soutien militaire à Damas. « Je suis inquiet de voir des parties fournir des armes, cela ne peut que rendre la situation encore pire », a-t-il estimé.
Le Pentagone et des sources américaines ont fait état du déploiement de l’artillerie et de chars russes sur un aéroport syrien ainsi que de la présence de plusieurs dizaines de troupes d’infanterie de marine. Washington a dénoncé ces actions russes, tandis que Moscou a appelé à une « véritable consolidation des efforts » contre l’EI.
Le secrétaire d’Etat américain John Kerry a lui aussi estimé que l’appui militaire de Moscou à Damas risquait d’aggraver le conflit mais révélé que la Russie avait proposé à Washington d’avoir des discussions « entre militaires » sur la Syrie. Il s’agit, selon M. Kerry, d' »avoir une compréhension claire et complète ce que sont les intentions » de Moscou.
– ‘Solution politique’ –
Washington et Moscou multiplient les consultations diplomatiques depuis des semaines pour tenter de trouver une issue à la guerre.
M. Kerry a réaffirmé que les Etats-Unis cherchaient une « solution politique » en Syrie en même temps qu’ils combattaient l’EI et que Washington serait favorable à ce que Moscou joue « un rôle constructif » en la matière.
La Russie a pour sa part jugé « très modestes » les résultats de la coalition internationale dirigée par les États-Unis contre l’EI, affirmant que les frappes aériennes augmentaient le nombre de sympathisants du groupe jihadiste.
Washington a reconnu pour sa part que seul un « petit nombre » des 54 combattants formés par les Etats-Unis et qui avaient été attaqués par un groupe lié à Al-Qaïda dès leur entrée en Syrie, se battaient aujourd’hui sur le terrain.
Les Etats-Unis ont commencé au printemps dernier à former et à équiper des rebelles syriens soigneusement sélectionnés, pour qu’ils combattent l’EI en Syrie. Mais le programme n’a pas réussi à décoller avec 54 rebelles formés jusqu’à maintenant pour un objectif qui était de 5.000 par an.
Source : Presse