Dans l’hypothèse d’une non-participation à ces joutes présidentielles et nonobstant son « deal » supposé avec le leader de Rewmi, Idrissa Seck, sa formation politique, l’Alliance pour la République (APR), dispose d’autres cartes maîtresses
Amadou Ly DIOME | Publication 01/03/2023
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En tournée « économique » dans la région de Sédhiou, le chef de l’Etat, Macky Sall, continue d’entretenir le flou sur sa supposée troisième candidature à l’élection présidentielle du 25 février 2024 en refusant de se prononcer sur la question. Une annonce qu’il devra pourtant faire tôt ou tard. Dans l’hypothèse d’une non-participation à ces joutes présidentielles et nonobstant son « deal » supposé avec le leader de Rewmi, Idrissa Seck, sa formation politique, l’Alliance pour la République (APR), dispose d’autres cartes maîtresses pour pallier son éventuelle défection. Focus sur les différents schémas en perspective d’un retrait de Macky Sall.
Alors que les déclarations de candidatures foisonnent de toutes parts à un an de l’élection présidentielle fixée au 25 février 2024, du côté de la mouvance présidentielle, particulièrement de sa locomotive, l’Alliance pour la République (Apr), les jeux sont loin d’être faits. Dans un entretien accordé à nos confrères du journal Le Quotidien le vendredi 11 novembre 2022, Mbaye Ndiaye, le chargé des structures du parti présidentiel et par ailleurs ministre d’Etat auprès du chef de l’Etat, en pleine tempête d’opposition à une troisième candidature de son mentor, était monté au créneau pour déclarer que le seul plan qui existe au sein de l’APR est la candidature du président Macky Sall pour l’élection de 2024.
A l’en croire, il n’y a ni plan B, ni plan C encore moins plan X. Macky Sall est, selon lui, leur seul et unique candidat et il a une obligation d’écouter le parti et de se conformer à sa volonté. Seulement voilà, l’intéressé lui-même occulte sciemment le sujet qui indispose tout en gardant une position de ni oui, ni non. Ses adversaires dont le principal leader de l’opposition, Ousmane Sonko du Pastef qui a initié sur l’étendue du territoire national des “Nemmeku Tour Focus 2024” auprès de ses sympathisants, ironisent sur ses tournées économiques dans certaines régions du pays. Des tournées aux relents de campagne électorale qu’ils assimilent à des “Tagatu Tour” à l’orée de ce dernier virage vers la présidentielle. Autant le dire ici et maintenant, toutes les attentions sont focalisées sur la décision de l’actuel locataire du palais de l’avenue Léopold Sédar Senghor à propos de la prochaine présidentielle.
Matérialiser le deal avec Idrissa Seck
Macky Sall, qui excelle dans l’art de surprendre son monde, pourrait se résoudre à ne pas participer à l’échéance du 25 février 2024 pour préserver la paix sociale et la stabilité du pays. Et dans ce cas-là, il pourrait matérialiser un accord ou « deal » préalablement établi consistant à mettre sur orbite son allié Idrissa Seck qui ne se gêne point pour lui rappeler son “engagement” à tout bout de champ. Dans cette hypothèse, le leader de Rewmi serait ainsi le candidat de la mouvance présidentielle et bénéficierait des avantages de l’appareil d’Etat, des moyens financiers et de l’accompagnement physique du président sortant pour conquérir les suffrages des Sénégalais et succéder à Macky Sall. Un échange, il garantirait à ce dernier une sortie paisible et honorable marquée par l’absence de poursuites contre les membres de son clan empêtrés dans de nombreux scandales financiers.
Toutefois, dans ce cas de figure, la position des autres alliés majeurs de Benno Bokk Yakaar pourrait enrayer la machine. En effet, le Parti socialiste (Ps), qui est traversé par une guerre larvée de positionnement, et l’Alliance des forces de progrès (Afp), au bord de l’implosion avec les ambitions présidentielles de l’ancien ministre du Tourisme, Alioune Sarr, n’ont pas encore clairement défini leur position sur cette mère des batailles électorales.
Une candidature à l’interne au nom des intérêts communs
L’autre cas de figure d’une non participation du président Macky Sall à la prochaine présidentielle serait l’émergence d’une candidature au sein même de l’Alliance pour la République qui regorge de loups aux dents longues qui n’attendent que le retrait de la course de l’actuel chef de l’Etat pour laisser éclore leurs ambitions présidentielles jusqu’ici refoulées. On peut citer dans le lot, l’actuel Premier ministre Amadou Ba qui s’était déjà préparé en conséquence avant que le maître du jeu n’en fasse, par défaut, son chef de gouvernement. Il y a également l’ancien argentier de l’Etat et aujourd’hui directeur de cabinet du président de la République, Abdoulaye Daouda Diallo. Sans compter l’actuel ministre de l’Agriculture, Aly Ngouille Ndiaye.
Au nom des intérêts communs du camp présidentiel qui s’exposerait à de gros risques en cas de perte du pouvoir, ces candidats potentiels pourraient taire leurs divergences, trouver un consensus et s’allier derrière l’un d’eux sous la bénédiction de Macky Sall. Ils pourraient ainsi assurer leurs arrières et ne pas s’exposer à d’éventuelles poursuites judiciaires avec les nombreux scandales qui ont jalonné le magistère de leur mentor. On se le rappelle, à la veille de la présidentielle de 2019, l’ancien président du groupe parlementaire du Parti démocratique sénégalais (PDS), Doudou Wade, soulignant que les conditions normales d’un scrutin libre et transparent étaient loin d’être réunies, avait soutenu que les membres du camp présidentiel étaient prêts à tout pour passer au premier tour afin d’éviter la prison. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, il ne serait guère surprenant que les uns et les autres fument le calumet de la paix afin et unissent leurs forces pour tenter de contenir la bourrasque «pastéfienne» au cas où le leader de cette formation politique, principal challenger du pouvoir en place, sortirait indemne des guet-apens judiciaires éparpillés sur son chemin.