Jugé à New York pour fraudes, Donald Trump, a dénoncé lundi une « ingérence électorale » pour l’empêcher de revenir à la Maison Blanche en 2024. Il est accusé avec deux de ses enfants d’avoir surévalué de manière colossale pendant des années leurs actifs immobiliers.
Un « simulacre » de justice, une procureure selon lui « raciste » et « corrompue » et un magistrat « voyou »… Donald Trump a multiplié les invectives, lundi 2 octobre, au premier jour de son procès civil pour fraudes. L’ancien président est jugé avec deux de ses fils, accusés d’avoir surévalué dans les années 2010 leur patrimoine immobilier de milliards de dollars.
Le favori dans les sondages du camp républicain pour la présidentielle américaine de 2024 joue gros lors de ce procès civil, qui menace de lui faire perdre le contrôle de son empire économique, en plus de pénalités financières pouvant atteindre 250 millions de dollars.
Costume bleu marine et cravate bleu électrique, il s’est montré virulent dès son arrivée à la cour suprême de l’État de New York, accusant devant une forêt de caméras la procureure générale qui a porté plainte contre lui, la magistrate afro-américaine Letitia James, d’être « raciste » et « corrompue », la qualifiant aussi de « spectacle d’horreur ».
Ce procès, l’un des premiers d’une longue série, est un « simulacre » et une « ingérence électorale » pour l’empêcher de revenir à la Maison Blanche en 2024, a-t-il encore accusé, traitant aussi le juge qui préside les débats, Arthur Engoron, de « voyou ».
À l’intérieur de la salle d’audience, l’ancien président, 77 ans, a passé sa première journée assis, le visage fermé, ne s’exprimant qu’auprès de ses avocats. L’un de ses deux fils visés par la plainte, Eric Trump, s’est assis derrière lui au premier jour de ce procès qui s’annonce long et technique.
Accusé de fraudes et de triche
Donald Trump, Éric Trump et un autre de ses fils, Donald Trump Jr, sont visés, avec la Trump Organization, par une plainte au civil de Letitia James, qui les accuse d’avoir gonflé leurs actifs de manière colossale pour obtenir des prêts plus favorables auprès des banques et de meilleures conditions d’assurance.
L’un des avocats de Donald Trump, Chris Kise, a défendu au contraire un « président [qui] a bâti l’un des empires immobiliers les plus prospères de la planète » niant la moindre irrégularité comptable. Sa consœur, Alina Habba a martelé que son puissant client n’avait commis aucune « fraude », mais faisait de « l’immobilier ».
« Il ne s’agit pas d’un complot, mais de faire des affaires », a-t-elle plaidé. Dans le camp en face, Letitia James a accusé le magnat de l’immobilier de « fraudes répétées » et d’avoir « triché » pendant des années.
Kevin Wallace, l’un des membres de son équipe, a réaffirmé que la fraude avait déjà été établie juridiquement et que les personnes visées par la plainte civile « avaient surévalué leurs actifs entre 812 millions et 2,2 milliards de dollars par an » de 2014 à 2021.
Y compris donc quand Donald Trump était à la Maison Blanche (2017-2021).
L’affaire a pris un enjeu considérable la semaine dernière lorsque le juge Engoron a estimé dans une ordonnance en référé que des « fraudes répétées » étaient établies.
En conséquence, le magistrat a ordonné le retrait des licences commerciales dans l’État de New York à Donald Trump et à ses fils dirigeants de la Trump Organization, ainsi que la confiscation des sociétés visées par la plainte, pour qu’elles soient confiées à des liquidateurs.
Premier d’un série de procès
Donald Trump, qui a fait fortune dans l’immobilier et les casinos dans les années 1980, a fait appel, mais si la décision était appliquée, il perdrait le contrôle de plusieurs étendards de son groupe, comme la Trump Tower sur la 5e avenue de Manhattan.
Ces propriétés sont au cœur des accusations de Letitia James : la surface du triplex de l’homme d’affaires dans la Trump Tower aurait été triplée, tandis que l’immeuble du 40, Wall Street surévalué de 200 à 300 millions de dollars dans des déclarations financières.
Donald Trump ne peut pas être condamné à une peine de prison dans ce dossier. Mais le procès va offrir un avant-goût des échéances judiciaires susceptibles de perturber sa campagne pour l’investiture républicaine.
Inculpé au pénal dans quatre dossiers, il doit notamment comparaître à partir du 4 mars devant un tribunal fédéral de Washington, où il est accusé d’avoir tenté d’inverser le résultat de la présidentielle de novembre 2020.
Le procès civil est prévu pour durer jusqu’à Noël.
Des dizaines de témoins doivent s’exprimer, dont le premier, lundi, était un ancien employé de Mazars, un cabinet d’experts-comptables qui avait décidé en 2021 de ne plus travailler pour la Trump Organization.
La liste des témoins comprend aussi Donald Trump lui-même, et trois de ses enfants, Eric, Donald Jr, et Ivanka, initialement visée par la plainte mais finalement non poursuivie.
Dans l’après-midi, les partisans de Donald Trump ont reçu un nouvel appel à financer sa campagne, comme à chacune de ses inculpations.
Avec AFP