ANDREAS SOLARO / AFP
Le livre « Laudato Deum » (« Loué sois-tu »), une thèse du pape François sur le changement climatique, est sorti en librairie ce mercredi 4 octobre.

ENVIRONNEMENT – Douze pages pour alerter sur l’avenir de la planète. Ce n’est pas le nouveau livre d’un activiste pour le climat, mais une exhortation apostolique publiée par le pape François, ce mercredi 4 octobre. À quelques semaines de la COP28 de Dubaï, le jésuite argentin âgé de 86 ans déplore des réponses « insuffisantes alors que le monde (…) s’écroule » et s’approche d’un « point de rupture ».

Plus encore, dans « Laudate Deum », il met en garde contre les « opinions méprisantes et déraisonnables » des climatosceptiques, « même au sein de l’Église catholique ». Agacé, il répète une nouvelle fois le constat fait par les scientifiques, invitant le lecteur à se référer aux rapports du GIEC.

« On ne peut plus douter de l’origine humaine – anthropique – du changement climatique », écrit ainsi le pape François, rappelant que la concentration des gaz à effet de serre ne fait qu’augmenter, tout comme la fonte des pôles et l’acidité des mers.

« Ces dernières années, de nombreuses personnes ont tenté de se moquer de ce constat », déplore-t-il, sur fond de prolifération des fausses informations relativisant le réchauffement climatique ou « ridiculisant » ceux qui en parlent.

« Nous avons beau essayer de les nier, de les cacher, de les dissimuler ou de les relativiser, les signes du changement climatique sont là, toujours plus évidents », alerte le pape, jugeant « probable » l’explosion du nombre de migrants climatiques « dans quelques années ».

La COP28 en ligne de mire

Dans ce nouveau texte, le chef de l’Église catholique insiste également sur la nécessité d’une transition énergétique « contraignante », sous forme d’un appel direct aux participants aux négociations sur le climat sous l’égide de l’ONU (COP28) qui se tiendront début décembre à Dubaï.

Selon lui, cette conférence peut représenter « un tournant » en cas d’accord contraignant sur la transition des énergies fossiles aux sources d’énergie propres telles que l’éolien et le solaire, sans quoi elle sera « une grande déception »« Ce n’est que par un tel processus que la crédibilité de la politique internationale pourra être rétablie », estime-t-il.

À ce sujet, le pape estime que si les gestes de chacun ont leur importance, « il faut être sincère et reconnaître que les solutions les plus efficaces ne viendront pas seulement d’efforts individuels, mais avant tout des grandes décisions de politique nationale et internationale. »

Dans cette exhortation apostolique de 73 paragraphes à la tonalité didactique, le pape insiste de nouveau sur les dégâts causés par « l’intervention effrénée de l’homme sur la nature » et fustige le « mode de vie irresponsable du modèle occidental », pointant notamment du doigt les États-Unis et la Chine pour leurs émissions de gaz à effet de serre.

Plus généralement, il déplore le fait que « la crise climatique n’est pas vraiment un sujet d’intérêt pour les grandes puissances économiques, soucieuses du plus grand profit au moindre coût et dans les plus brefs délais possibles ».

En 2015, « Laudato si » (« Loué sois-tu »), un manifeste de 200 pages pour la solidarité afin d’agir ensemble en vue de protéger l’environnement, avait déclenché un débat au niveau mondial, phénomène inédit pour un texte religieux, y compris des commentaires dans des revues scientifiques.

Quelques mois plus tard, une avancée significative avait été obtenue avec l’accord de Paris sur le climat dont l’objectif primordial est de maintenir la hausse de température en dessous de 2°C.

L’ONU a averti le mois dernier que le monde n’était pas en bonne voie pour atteindre ce but, alors que 2023 devrait être l’année la plus chaude de l’Histoire de l’humanité, avec un été marqué par des canicules, des sécheresses et des incendies.