Israël : qu’est-ce que les accords d’Abraham ?

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L’ACTU EN UN MOT. Le 15 septembre 2020, les Émirats arabes unis, Bahreïn et Israël signaient à Washington des traités de paix. Des accords de normalisation avec le Maroc et le Soudan ont suivi.

Par Palmyre Sesboue

Lors de la signature des accords d'Abraham à Washington, le 15 septembre 2020.  
Lors de la signature des accords d’Abraham à Washington, le 15 septembre 2020.   © SAUL LOEB / AFP

Temps de lecture : 3 min

Les accords d’Abraham tirent leur nom du prophète des trois religions monothéistes, juive, chrétienne et musulmane, qui ont toutes pour berceau la région de Jérusalem. Ces traités, signés en septembre 2020 à l’initiative de l’administration Trump, ont commencé un réalignement géopolitique inédit dans la région.

Les accords d’Abraham prévoient la normalisation des rapports diplomatiques entre Israël et les Émirats arabes unis d’une part, et Israël et le Bahreïn d’autre part. Des accords concernant la normalisation des rapports entre Israël avec le Maroc et le Soudan ont aussi été signés par la suite.

Des tractations diplomatiques discrètes et inédites

Ce « tournant de l’histoire », d’après le Premier ministre Benyamin Netanyahou, est le résultat de rencontres entre des représentants de l’État d’Israël avec des représentants du Bahreïn et des Émirats arabes unis sous le parrainage des États-Unis. Ces deux pays sont membres de la Ligue arabe, engagée depuis le début du conflit israélo-palestinien contre l’État hébreu. La résolution de Khartoum de 1967 établissait ainsi au sein de la ligue la règle des « trois non » : « Pas de paix avec Israël, pas de reconnaissance d’Israël et pas de négociations avec Israël », d’après un rapport du Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité (GRIP). La position de la Ligue arabe est claire : dans le conflit israélo-palestinien, ils soutiennent la Palestine.

Le plan de « paix d’initiative arabe » proposé par la Ligue arabe sous l’égide de l’Arabie saoudite et soutenu par l’ONU en 2002 met en avant la solution à deux États, avec la reconnaissance de l’existence mutuelle de l’Autorité palestinienne et de l’État d’Israël. La Ligue arabe s’engage alors à reconnaître la légitimité de l’État hébreu dans le cas où la solution à deux États serait acceptée. Cette prise de position commune bute cependant sur la normalisation des rapports entre Israël et l’Égypte en 1978, qui souhaitait reprendre la péninsule du Sinaï, puis entre Israël et la Jordanie en 1994 qui cherchait à garantir la reconnaissance de ses frontières.

Une prise de position modérée dans le conflit israélo-palestinien

Ainsi, progressivement, quatre autres pays de la Ligue arabe se positionnent en faveur d’une ligne modérée vis-à-vis d’Israël : les Émirats arabes unis, le Bahreïn, le Soudan et le Maroc. Ces pays ne disposent pas de frontières communes avec Israël et la Palestine. Aussi, hormis le Soudan, ces pays ne se sont pas engagés directement dans des conflits armés contre Israël. En réalité, des échanges souvent informels puis commerciaux se sont rétablis entre ces pays et Israël, notamment à partir des années 1990 sous l’impulsion des accords d’Oslo.

Enfin, le lancement par l’Iran, République islamique chiite, dans les années 1990 d’un programme d’armement nucléaire inquiète les pays de la Ligue arabe, à majorité sunnite, qui considèrent le programme nucléaire iranien comme une menace pour leur sécurité et leur intégrité territoriale. Cette situation géopolitique encourage certains pays de la Ligue arabe à se rapprocher stratégiquement de l’État hébreu.

À lire aussi « Les Émirats arabes unis, pont entre Israël et la Jordanie »Cette « fenêtre d’opportunité » est alors exploitée dès 2017 par l’administration Trump qui lance des négociations entre Israël et les Émirats arabes unis et le Bahreïn. Ces pays acceptent finalement de signer un accord avec Israël si le pays s’engage à suspendre les processus d’annexion des colonies en Cisjordanie.

Le 15 septembre 2020, les accords d’Abraham sont signés à Washington par les représentants des pays concernés et le président américain Donald Trump. Les textes prévoient la normalisation des rapports entre Israël et ces deux pays ainsi que la mise en place de relations diplomatiques. Des accords de normalisation avec le Maroc et le Soudan ont suivi en décembre 2020 et janvier 2021.

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