Le secteur extractif joue un rôle crucial dans l’économie sénégalaise. Il fournit des revenus et des ressources naturelles essentielles pour le développement du pays. Toutefois, à l’échelle du continent africain, le secteur extractif est miné par la corruption responsable de plusieurs dizaines de milliards de dollars de pertes pour les économies des pays. La fuite des capitaux porte un préjudice à l’Afrique.
Le Sénégal, pays minier et en phase de produire du gaz et du pétrole a encore des efforts à faire en matière de lutte contre la corruption dans son secteur extractif.
L’organisation d’un atelier par NRGI à travers le Programme Traces en collaboration avec l’ITIE et les ministères de tutelle a pour finalité de renforcer les capacités des agents de l’Etat en matière de lutte contre la corruption et le contrôle budgétaire. Ainsi, il est attendu l’amélioration de la transparence et de la redevabilité dans le secteur extractif.
Selon Mamadou Seck, Manager régional NRGI Afrique francophone : »la corruption demeure un problème pressant pour de nombreux pays riches en ressources. Dans sa note d’orientation intitulée « Lutter contre les risques de la corruption grâce à la mise en œuvre de l’ITIE » datée de décembre 2021, l’ITIE révélait qu’un cas sur 5 de corruption transnationale se produit dans le secteur extractif.
La corruption qui se manifeste dans le secteur public comme dans le secteur privé. Elle se définit par le fait de donner ou de recevoir des pots de vin ou autre avantages. NRGI considère que la corruption englobe différents types de pratiques, notamment les pots de vin, les détournements de fonds, le népotisme, le copinage, le trafic d’influence et les transactions intéressées. La corruption peut impliquer des actions légales et illégales ».
Au demeurant, la corruption se manifeste à tous les niveaux. Et, le secteur extractif est particulièrement menacé par la corruption du fait de l’ampleur des revenus qu’il génère, des types d’acteurs et de propriétés impliquées mais également de sa complexité.
Si l’on se réfère à M. Seck, les pratiques corruptives concernent toute la chaîne de valeur. La corruption peut se manifester au niveau de l’octroi des licences aux dépenses socio-environnementales, le commerce des matières premières, le recouvrement des recettes…
La corruption est un réel défi pour l’Afrique. Moustapha Fall, responsable des affaires juridiques à l’ITIE Sénégal avance d’ailleurs que les pays africains perdent énormément d’argent.
« Les pays africains perdent énormément d’argent en raison de pratique de la corruption, de blanchiment et d’évasion fiscale. Selon le rapport de haut niveau qui a été publié en Afrique, on explique que l’Afrique perd plus de 50 milliards de dollars chaque année en raison des pratiques de corruption. Et aujourd’hui si on faisait les calculs sur plus de cinquante ans, on parlerait de plus de 1000 milliards de dollars », a cumulé Moustapha Fall.
Au regard de ces pertes énormes, Moustapha Fall recommande d’analyser la vulnérabilité sur toute la chaîne de valeur de l’industrie extractive. Il a cité de manière spécifique l’octroi des contrats, la collecte des revenus, le suivi des recettes…
« L’enjeu, c’est de continuer la lutte et de s’assurer que les investisseurs sont identifiés et de s’assurer également que le climat des investissements soit un climat de confiance et que la corruption ne puisse pas être un réel défi », dit-il.
NRGI a déjà développé et testé dans d’autres pays un outil de diagnostic de la corruption qui pourra être exploré pour le contexte du Sénégal. Cet outil de diagnostic sur la corruption dans le secteur extractif, permet d’identifier et d’analyser les risques de corruption et d’insuffler sur les réformes. Il sera présenté lors de cet atelier aux agents de l’Etat.