L’OMBRE TUTÉLAIRE DE MAMADOU DIA PLANE SUR LA NOUVELLE PRÉSIDENCE

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Mamadou DIA © Malick MBOW

Longtemps occulté, ce « premier souverainiste sénégalais » fascine aujourd’hui la jeunesse panafricaine et anti-impérialiste. Cette tendance à la réhabilitation de l’ancien président du Conseil transparaît jusqu’au plus haut sommet de l’État

Publication 14/05/2024

 

(SenePlus) – La figure de Mamadou Dia, président du Conseil de 1960 à 1962 avant d’être écarté du pouvoir par Léopold Sédar Senghor, connaît un regain d’intérêt ces dernières années, notamment auprès de la jeunesse. Depuis son élection à la présidence le 24 mars dernier, Bassirou Diomaye Faye, connu pour être un admirateur de Dia, semble vouloir s’inscrire dans l’héritage de cet homme politique emblématique, selon une analyse du site d’information Afrique XXI.

« Vous avez devant vous un diaïste convaincu ! », s’exclame Ousmane Barro, militant du parti présidentiel Pastef, cité par Afrique XXI. Le siège même du parti à Dakar porte le nom de « Keur Mamadou Dia » (Maison Mamadou Dia) en hommage à celui qui incarna, l’espace de deux ans seulement, les aspirations d’indépendance réelle et de développement autocentré du Sénégal.

Si la jeunesse se réapproprie aujourd’hui Mamadou Dia, c’est que ce « premier souverainiste sénégalais », selon les termes d’Ousmane Barro, symbolise la lutte contre le néocolonialisme et pour un « développement par en bas des campagnes ». Son programme d' »animation rurale » et de « politique autogestionnaire », inspiré du socialisme, l’avait rapidement mis en porte-à-faux avec les élites locales, de l’establishment politique aux marabouts mourides impliqués dans l’économie de l’arachide.

Arrêté en 1962 après une violente crise institutionnelle, Mamadou Dia fut condamné au bagne à Kédougou. Libéré en 1974, cet homme « réservé » et « rigoureux », décrit par Afrique XXI, continua d’influencer une partie de la jeunesse sénégalaise, attirée par ses idées réformistes en matière agricole et religieuse.

« Toutes ses réflexions sur le réformisme islamique, la revivification d’un message religieux de combativité sociale […] intéressent de nombreux jeunes », souligne ainsi Dialo Diop, un dirigeant de Pastef cité par le média en ligne.

Au-delà de Dia, c’est « tout un pan de l’histoire » anticoloniale et contestataire du Sénégal qui resurgit aujourd’hui, des grèves cheminotes de 1947 immortalisées par Ousmane Sembène aux luttes syndicalistes marginalisées par le régime postrévolutionnaire. « À travers Mamadou Dia, c’est tout un pan de notre histoire qu’on soulève et redécouvre », se réjouit Ahmadou Djibril, jeune militant cité par Afrique XXI.

Cette soif de réhabilitation historique transparaît dans le programme de Pastef, qui promeut une « éthique du travail » et « la nécessité de démarchandiser la politique », autant de principes chers à Mamadou Dia. Si celui-ci a incarné un temps les espoirs d’émancipation du Sénégal postcolonial avant d’être écarté, son autoritarisme envers les franges radicales lui a aussi valu des inimitiés durables. Mais pour la nouvelle génération au pouvoir, brandir l’étendard diaïste semble désormais un moyen de se démarquer d’un « récit national lissé » et d’inscrire son action dans l’héritage historique des luttes pour l’indépendance réelle.

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