Tour Eiffel : une hausse des tarifs pour sauver la Dame de fer ?

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À partir du 17 juin, le billet de la tour Eiffel augmente de 20 % pour pallier les coûts d’entretien du monument. Une hausse tarifaire à quelques semaines des JO, qui intervient après des mois de tensions entre le gestionnaire de la Dame de fer et la mairie de Paris autour de la manne financière générée par le symbole de la Ville lumière.

Il s’agit d’un des 10 monuments les plus fréquentés au monde. Mais ses coûts d’entretien peuvent eux aussi atteindre des sommets. À partir du 17 juin, la tour Eiffel revoit ses tarifs à la hausse : un adulte devra désormais débourser 35,30 euros pour contempler Paris du haut de la Dame de fer, contre 29,10 euros actuellement.

Les anneaux olympiques sont montés sur la tour Eiffel vendredi 7 juin 2024 à Paris. © Thomas Padilla, AP
Les anneaux olympiques sont montés sur la tour Eiffel vendredi 7 juin 2024 à Paris. © Thomas Padilla, AP

Avec cette augmentation de 20 %, qui s’applique à tous les billets, l’exploitant de l’iconique monument parisien, la SETE (Société d’exploitation de la tour Eiffel), – entreprise publique dont le capital est détenu à 99 % par la Ville de Paris – espère rééquilibrer sa situation financière, durement fragilisée par la crise Covid-19, et tourner la page du conflit social qui a occasionné sa fermeture en février dernier.

Frappée de plein fouet par la pandémie

La déception a été grande cet hiver pour les nombreux touristes venus découvrir ou revisiter la Dame de fer : le monument est resté fermé pendant six jours en février pour cause de grève. Quelques jours plus tôt, les deux syndicats du personnel du monument, la CGT et FO, avaient déposé un préavis, annonçant qu’ils cesseraient le travail pour réclamer un « modèle économique viable et réaliste » pour le monument.

Les salariés avaient déjà marqué le coup le 27 décembre 2023, jour du centième anniversaire de la mort de Gustave Eiffel, forçant le site à fermer pour les mêmes raisons.

La tour Eiffel n’a pourtant pas perdu de son attrait, bien au contraire. Avec quelque 6,3 millions de visiteurs en 2023, le monument a connu sa plus forte fréquentation depuis 2015.

Mais la SETE peine à se remettre de la pandémie de Covid-19, qui avait entraîné la fermeture de l’édifice durant plusieurs mois et une chute par quatre de son chiffre d’affaires en 2020 (25 millions engrangés contre 99 millions en 2019). Au total, le manque à gagner a atteint 113 millions pour les années 2020 à 2022, selon les estimations de la maire de Paris.

Des travaux qui plombent les comptes

En parallèle, les frais d’entretien du site ont explosé avec un surcoût de travaux dépassant les 130 millions. Parmi les 360 employés du site, certains pointent la responsabilité de l’entreprise et de la mairie de Paris, dénonçant des retards qui ont fait grimper la facture.

Alors que l’ingénieur Gustave Eiffel avait donné l’instruction de repeindre sa tour tous les sept ans, soulignant l’importance cruciale de ce processus pour préserver la structure métallique de son ouvrage, la 20e campagne de peinture a débuté en 2020, soit onze années après le début de la dernière.

Le gestionnaire impute, de son côté, le surcoût financier au traitement du plomb, découvert dans les précédentes couches de peinture. Car pour la première fois, il a été décidé de procéder à un décapage à grande échelle de la tour avant de la repeindre. Lancé en 2019, la nouvelle campagne de peinture devait durer deux ans, permettant à l’édifice de faire peau-neuve avant les JO, avec en prime un changement de teinte de gris beige à jaune brun, la préférée de son créateur. Une tache loin d’être achevée à l’approche de l’ouverture de la compétition mondiale, le 26 juillet, le chantier ayant pris à minima quatre années de retard.

Bras de fer financier avec la mairie de Paris

Sous pression, le gestionnaire de la tour Eiffel doit également composer avec la forte augmentation de la redevance, versée à la ville de Paris, pour l’exploitation du site.

Cette somme, déjà passée de 8 à 15 millions entre 2020 et 2021 devrait atteindre 50 millions à l’horizon 2025. Des exigences financières jugées déraisonnables par les syndicats de la SETE qui reprochent à la mairie une « recherche de rentabilité à tout prix et à court terme » qui menace la pérennité du monument et de son entreprise gestionnaire.

Fin mai, la ministre de la Culture, Rachida Dati, qui siège au conseil de Paris dans l’opposition, avait enfoncé le clou, accusant la maire de Paris, Anne Hidalgo, de « ruiner financièrement » la tour Eiffel.

La municipalité rappelle de son côté que la redevance comprend une part variable, calculée en fonction du chiffre d’affaires et affirme avoir au contraire réduit son montant par rapport à ce que prévoyait l’accord conclu avec la SETE. Un effort qui représente “50 millions en abandon de recettes » jusqu’à la fin du contrat, repoussé à fin 2031, affirme l’adjoint (PS) aux finances Paul Simondon.

Le 24 mai, le conseil de Paris a approuvé l’augmentation du ticket d’entrée de la tour Eiffel, ainsi qu’un coup de pouce financier de 15 millions d’euros à la SETE. Il s’agit de la seconde recapitalisation votée par la municipalité au profit du gestionnaire, après l’enveloppe de 60 millions, en juillet 2021, pour surmonter la période Covid-19.

Ces mesures, négociées en février pour mettre fin à la grève, doivent permettre un retour à l’équilibre financier dès 2025. La direction s’est engagée à mettre en place une instance, qui se réunira tous les six mois, pour permettre aux salariés d’être informés du suivi du modèle économique et des travaux du site.

Enfin, un investissement supplémentaire de 156 millions d’euros sera dédié aux travaux d’entretien du site et notamment à la conclusion de la 20e opération de peinture pour rendre à la Dame de fer, inaugurée il y a 135 ans, sa jeunesse d’antan.

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