INNOVATION – Pour avoir des panneaux solaires toujours propres et frais, une startup toulousaine propose un système d’aspersion d’eau de pluie géré de façon optimisée par une intelligence artificielle. Avec à la clef une amélioration notable des rendements. Explications.
Les panneaux solaires photovoltaïques présentent deux problématiques pour que leur rendement de production soit optimal : que leur surface reste propre afin de capter tous les rayons solaires, et que leur température reste idéalement stabilisée à 20 °C. Afin d’y parvenir, rien de tel qu’une bonne douche d’eau fraîche. C’est là l’idée de base de la solution Sunibrain qui adjoint un système intelligent de pilotage du dispositif d’arrosage automatique. Car les paramètres à prendre en compte sont extrêmement nombreux : conditions météorologiques (ensoleillement, vent, hydrométrie), cartographie thermique des capteurs solaires, niveau des réserves d’eau, paramètres du marché électrique (tarif d’achat)… Un travail de coordination impossible à résoudre pour un humain. Mais pas pour une intelligence artificielle.
Une forte amélioration des rendements
Celle développée par l’Institut de recherche en informatique de Toulouse est ainsi capable de répondre à des questions complexes, impliquant toutes ces variables, avec des requêtes qui sont parfois contradictoires. Faut-il laisser monter la température des capteurs solaires pour économiser l’eau ou peut-on anticiper des précipitations prochainement, qui complèteront les stocks ? Les chercheurs ont ainsi développé un logiciel auto-adaptatif, apte à fonctionner dans un environnement très dynamique et répondre à des imprévus, afin de trancher et améliorer le rendement d’une installation de grandes dimensions. Le dispositif est composé d’un réseau hydraulique, qui recueille les précipitations et les stocke avant de les pulvériser sur les panneaux, accompagné d’une suite de capteurs permettant de piloter l’installation en temps réel. Selon Sunibrain, le gain de rendement obtenu est actuellement de +6 à +8 % sur les 14.000 m² déjà équipés (des toitures d’une douzaine d’entrepôts agricoles), ce qui est non négligeable compte tenu des capacités actuelles limitées des centrales solaires.
Mais la startup, qui a bénéficié d’un financement participatif à l’automne 2015 puis d’une importante levée de fonds au printemps 2016, ne compte pas s’arrêter là. Ils estiment qu’il est possible de viser les +20 % de rendement, preuve que la dissipation de chaleur est un facteur clé des installations photovoltaïques. Rappelons que pour chaque degré supplémentaire au-delà des fameux 20 °C, la production des cellules solaires baisse de -0,5 %. Or leur température de surface peut grimper à 80 °C… Un test en grandeur réelle sera réalisé dans une installation agricole dans le cadre du projet Suniagri, porté par la région Occitanie et cofinancé par BPIfrance et le fond Feder. L’agriculture et l’énergie solaire sont faits pour s’entendre…