Les députés européens ont suivi l’avis de leur commission des Affaires juridiques, qui avait estimé que les propos en cause ne s’inscrivaient pas dans le cadre des fonctions de l’eurodéputé d’extrême droite. La commission avait également souligné que l’immunité d’un parlementaire européen « ne l’autorise pas à calomnier, diffamer, inciter à la haine ou à proférer des affirmations portant atteinte à l’honneur d’une personne ».
Coutumier des poursuites judiciaires pour ses propos, Jean-Marie Le Pen s’en était pris en juin 2014 dans une vidéo diffusée sur le site internet du Front national aux artistes engagés contre ce parti, comme Guy Bedos et Madonna. Alors qu’on lui avançait le nom de Patrick Bruel, d’origine juive, il avait ajouté: « Écoutez, on fera une fournée la prochaine fois! »
Cette phrase avait suscité des critiques virulentes au sein même du FN, Marine Le Pen estimant qu’il s’agissait d’une « faute politique » et Louis Aliot, un des vice-présidents du parti d’extrême droite, qualifiant le choix de ce terme de « stupide politiquement et consternant ».
« Le mot +fournée+ que j’ai employé n’a évidemment aucune connotation antisémite, sauf pour des ennemis politiques ou des imbéciles », avait réagi Jean-Marie Le Pen. « S’il y a des gens de mon camp qui l’interprètent de cette manière, c’est que ce sont des imbéciles! ».
« La lâcheté parlementaire a pu se donner libre court: en effet, c’est à main levée que mon immunité parlementaire a été levée dans l’affaire de la fournée: une vraie fournée de larves », a-t-il commenté sur son compte Twitter mardi à l’issue du vote.
Exclu du FN, M. Le Pen, 88 ans, siège aujourd’hui parmi les non-inscrits au Parlement européen et non plus dans le groupe « Europe des Nations et des Libertés » coprésidé par sa fille Marine.
Le président du Parlement européen, Martin Schulz, a par ailleurs annoncé lundi avoir reçu et transmis à la Commission des Affaires juridiques une demande de levée d’immunité concernant Marine Le Pen et adressée par le parquet de Nanterre, dans la banlieue parisienne.
Selon une source au Parlement européen, cette demande est liée à l’enquête pour « diffusion d’images violentes » ouverte à la suite de la diffusion par Mme Le Pen sur son compte Twitter en décembre 2015 de photos d’exactions du groupe Etat islamique, en réponse à un journaliste qu’elle accusait d’avoir dressé un « parallèle » entre son parti et l’EI.
L’examen de cette demande peut prendre plusieurs mois, avant le vote en session plénière sur la levée de l’immunité.
source : France Soir