Edito. Alors qu’il ne possède aucune responsabilité politique officielle, l’entrepreneur à succès, simultanément patron de presse, journaliste et commercial, exerce un pouvoir inédit sur la vie de la cité.
Le 27 novembre dernier, il était possible d’écouter en direct sur X (anciennement Twitter) un entretien d’une vingtaine de minutes entre l’entrepreneur américain Elon Musk, qui a acquis la plateforme il y a plus d’un an, et le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou. Mesurons l’importance du phénomène : de nos jours, un chef d’Etat, qui plus est en pleine guerre, préfère s’adresser, pour diffuser un long message, au propriétaire du réseau social favori des CSP + et des faiseurs d’opinion plutôt qu’à tout autre média.
Il faut certes replacer cette conversation dans son contexte. Après que Musk a acquiescé à un post antisémite publié sur X, de grandes entreprises américaines telles Walt Disney, Warner Bros Discovery ou encore Comcast ont suspendu jusqu’à nouvel ordre leurs publicités sur le réseau social. Certains commentateurs suggèrent qu’en se rendant en Israël, en déclarant qu’il s’engagerait à faire cesser la « propagation de la haine » sur X et en estimant que la destruction du Hamas, objectif de guerre d’Israël, était indispensable, le dirigeant de Tesla cherchait à faire amende honorable.