«Il n’y aura jamais de démenti, car ce que j’ai dit c’est la stricte vérité. Beaucoup de personnes pensaient que j’allais recevoir une salve de plaintes. Ce qui n’aura jamais lieu d’ailleurs. J’annonce que le tome 2 arrive ». L’assurance est de l’avocat Robert Bourgi. Il s’exprimait hier, dans un hôtel à Dakar, lors de la cérémonie de dédicace du livre «Ils savent que je sais tout – Ma vie en Françafrique» écrit avec Frédéric Lejeal, un journaliste africaniste depuis trente ans et politique de formation. Il avertit tout de même : «il sera plus toxique que le tome 1. »
« Symbole de la Françafrique, Robert Bourgi aborde, pour la toute première fois dans un livre, sa vie, ses rapports avec son mentor Jacques Foccart et l’ensemble des ‘’missions’’ effectuées pendant près de quarante ans pour le compte de hauts dignitaires africains et français, parmi lesquels les principaux ténors de la droite (Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy, Charles Pasqua, Jacques Toubon, Dominique de Villepin, Claude Guéant, François Fillon, etc.). », a-t-on indiqué dans le résumé du livre.
Né le 4 avril 1945 à Dakar, Robert Bourgi «révèle les circuits des financements de la droite française, en s’appuyant sur ses notes personnelles et décrypte les dossiers sensibles dans lesquels il fut impliqué comme la libération des journalistes français du Liban dans les années 1980, la réhabilitation de Mobutu Sese Seko, la libération de Clotilde Reiss, otage française en Iran, le sauvetage de Laurent Gbagbo, la démission de Jean-Marie Bockel, la nomination d’ambassadeurs de France en Afrique, le lobbying auprès de l’Élysée pour le compte des chefs d’État africains… ».
«Mobutu Sese Seko et Omar Bongo ont plus souffert de l’ingratitude française »
Poursuivant l’argumentaire, on peut lire : « De Félix Houphouët-Boigny et Laurent Gbagbo (Côte d’Ivoire) à Mobutu Sese Seko (RD Congo) en passant par Blaise Compaoré (Burkina Faso), Mathieu Kérékou (Bénin), Abdoulaye Wade et Macky Sall (Sénégal), Mohamed Ould Abdel Aziz (Mauritanie), Gnassingbé Eyadéma (Togo), Pascal Lissouba, Denis Sassou Nguesso (Congo) et surtout Omar et Ali Bongo (Gabon), il lève le voile sur la psychologie de nombreux présidents au sud du Sahara et sur leur régime, apportant un regard nouveau sur la politique africaine de la France durant plusieurs décennies. »
L’avocat et conseiller politique franco-libanais et spécialiste des questions africaines se justifie en soutenant avoir développé «tous les secrets de la période Françafrique afin de mieux aborder l’avenir ensemble». «Mes révélations ont commencé en septembre 2011. On me surnommait ‘l’homme qui faisait trembler la République’. Aujourd’hui, j’ai décidé de faire des mémoires et sortir des documents qui datent de 50 ans », a-t-il déclaré tout en laissant entendre que les anciens présidents africains Mobutu Sese Seko et Omar Bongo sont les deux hommes qui ont plus souffert de l’ingratitude française. Alors que, dit-il, la France recevait des «sommes affolantes » provenant de l’Afrique.
«Il fallait que je dise la vérité à Dakar. Cela dépassait largement 50 millions de dollars ou d’euros. Et le plus grand contributeur était Ali Bongo du Gabon. Malheureusement, il est décédé dans une petite clinique à Barcelone (Espagne). La France n’a rien fait pour lui », a fait remarquer Robert Bourgi.