La Programmation pluriannuelle de l’énergie, instituée par la loi de Transition énergétique, a été publiée au Journal officiel. Elle constitue une feuille de route donnant les axes stratégiques, filière par filière, ainsi que les objectifs de réduction de consommation. Retour sur les points essentiels.
Ça y est, la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) est gravée dans le marbre. Publiée au Journal officiel ce 28 octobre 2016, trace les priorités d’actions des pouvoirs publics dans le domaine de l’énergie. Dans un communiqué, Ségolène Royal, déclare : « Pour la première fois, la France se dote d’une stratégie énergétique globale et décrit ses priorités pour l’ensemble des piliers de la politique énergétique et des énergies« . Elle souligne la participation des collectivités, entreprises du secteur ou de celles consommatrices d’énergie, et des citoyens pour élaborer cette feuille de route, avec 800 représentants, plus de 200 contributions écrites et plus de 5.000 contributions lors de la mise en consultation publique.
Réduire les consommations…
La PPE fixe donc deux priorités, en accord avec la stratégie nationale bas-carbone décidée à la fin de 2015, et dans le respect de l’accord de Paris sur le climat : d’une part réduire la consommation d’énergie, principalement celles couvertes par les énergies fossiles, et, d’autre part, développer les énergies renouvelables. Une transition qui doit être menée en garantissant la sécurité d’approvisionnement et la compétitivité économique, débouchant sur un système énergétique plus flexible et décentralisé. La programmation porte sur deux périodes (2016-2018 et 2019-2023), avec une révision à l’issue de la première.
Pour 2023, il est donc prévu que la consommation finale d’énergie soit réduite de -12,3 % (avec en ligne de mire -20 % en 2030) et que la consommation primaire d’énergies fossiles (charbon, gaz, pétrole) soit diminuée de -22,6 % (-30 % en 2030). Afin d’y parvenir, il est prévu que la consommation des bâtiments soit revue à la baisse (-15 % en 2023) grâce à la rénovation énergétique de 500.000 logements par an à compter de 2017. Trois milliards d’euros seront mobilisés à la Caisse des Dépôts afin de financer la rénovation du parc social et des bâtiments publics, tandis que les objectifs du dispositif des Certificats d’économie d’énergie seront revus à la hausse.
… et développer les renouvelables
Du côté de l’approvisionnement électrique, pas moins de 6 GW d’effacements (consommations reportées) sont anticipés en 2023. Les énergies renouvelables seront fortement développées d’ici là, pour atteindre 32 % dans la consommation finale en 2030. A l’opposé, et en dépit de l’abandon de la taxe carbone sur les centrales, la PPE mentionne : « Ne pas autoriser de nouvelle centrale électrique au charbon non équipée de système de captage, stockage ou valorisation du CO2 ; se préparer à une sortie du charbon à l’horizon de 2023« . La programmation précise également que des appels d’offres pour les EnR électriques seront lancés. Le but est d’atteindre une hausse de +27 % de la puissance électrique renouvelable en 2018 (par rapport à 2014) et de +73 % dès 2023. Corollaire, les besoins du stockage d’énergie seront accrus avec le déploiement massif de sources intermittentes (éolien, photovoltaïque) : il est d’ores et déjà prévu qu’entre 1 et 2 GW de projets hydrauliques (STEP) soient engagés entre 2025 et 2030. Dans le même temps, la France va commencer à se désengager du nucléaire. La PPE prévoit de réduire la production d’électricité d’origine atomique d’une dizaine de térawattheures, pour arriver à 65 TWh/an en plafonnant le parc français à 63,2 GW de puissance. Les deux réacteurs de la centrale de Fessenheim seront donc bien arrêtés.
Le ministère prête de nombreux avantages à cette transition énergétique : il estime que 283.000 emplois pourraient être créés d’ici à 2030 et que, dans le même temps, le niveau de richesse produite par le secteur industriel pourrait être supérieur de +0,7 %. Le PIB français pourrait même gagner 1,1 point à la fin de la prochaine décennie, également porté par un bénéfice pour les ménages, celui d’une hausse des revenus disponibles bruts grâce aux mesures d’économies. Là encore, les chiffres avancés sont impressionnants : 13 Mrds € d’épargnés pour les consommateurs en 2018 et 32 Mrds € en 2023.
Les entreprises des EnR forcément satisfaites
Des arguments évidemment salués par les industriels du secteur qui se félicitent de la parution de la PPE. Jean-Louis Bal, le président du Syndicat des énergies renouvelables (SER), déclare : « Ce texte est un gage précieux de visibilité pour nos filières ; leur montée en puissance est désormais finement programmée« . Même satisfaction de la part des professionnels de l’éolien. Olivier Perot, président de FEE, fait valoir : « Le décret relatif à la PPE grave dans le marbre des objectifs ambitieux et inédits pour l’éolien terrestre, en assurant une visibilité et des perspectives de développement réelles aux entreprises de la filière. C’est aussi une très bonne nouvelle pour l’emploi : après 1.700 emplois créés en 2014, et 2.000 en 2015, l’emploi éolien devrait pouvoir continuer à se développer à un rythme élevé« . Il tempère toutefois : « Il reste de nombreux obstacles à lever pour permettre l’accélération attendue des capacités installées : simplification réelle des démarches administratives, augmentation des capacités de raccordement du réseau, diminution des contraintes spatiales (radars)« . Cette filière en particulier s’inquiète de l’évolution des mécanismes de soutien dont elle bénéficie et dont l’abandon progressif pourrait freiner la dynamique.
source : Bati Actu