Rénovation, extension, surélévation, le béton sur tous les fronts

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DECRYPTAGE – A l’heure de la densification urbaine et de la réhabilitation de l’existant, les opérations de rénovation lourde, comportant des extensions ou des surélévations sont de plus en plus nombreuses. Les industriels du béton, matériau souvent délaissé au profit d’autres systèmes constructifs légers, ont mis en avant la pertinence de leurs solutions lors d’un colloque organisé par Cimbéton.

Rénovation, extension, surélévation, le béton sur tous les fronts
Surelevation de logements rue de la-sablièrere, Paris 14 © Zoomfactor Architectes
L’étalement urbain, qui pose des problèmes en termes de consommation des terres agricoles, d’allongement des trajets et d’entretien des réseaux trop étendus, est aujourd’hui contrebalancé par une recherche de densification urbaine. Les chantiers de réhabilitation-restructuration se multiplient donc en site occupé, avec toutes les contraintes que cela comporte. Les solutions « légères », comme le bois ou le métal, qui intègrent une grande part de préfabrication en atelier permettant de se limiter à des phases d’assemblage « à sec », sont donc préférentiellement choisies. Pourtant, l’industrie du béton estime avoir des arguments à faire valoir. Cimbéton a donc organisé un colloque sur le sujet, réunissant architectes, ingénieurs et entrepreneurs.

Les extensions-surélévations comme outil de création de valeur

Invité à s’exprimer en préambule, Philippe Pelletier, le président du Plan Bâtiment Durable, déclare : « C’est un sujet très important que l’extension-surélévation. Nous devons développer, dans ce pays, une culture de la production de logements et de locaux à partir de biens existants. C’est le seul moyen d’accroître l’offre, et c’est une bonne réponse à la nécessaire densification, pour mettre un coup d’arrêt à l’étalement. Car l’habitat diffus pose d’énormes problèmes d’adaptation, notamment face au vieillissement de la population« . Pour l’avocat, les opérations d’extension constituent une réponse créatrice de valeur : « Un bien immobilier n’est pas inerte mais c’est un être vivant qui s’adapte et évolue« , estime-t-il. « Il faut mettre aux normes, qu’il s’agisse d’ascenseurs, de canalisations en plomb ou d’isolation thermique. Or, nous sommes dans une société qui n’est pas si riche que ça, où l’effort public sera durablement bridé. Pour retrouver une capacité de financement il faut donc doter les immeubles de droits à construire : ça ne coûte rien à celui qui les donne mais ça rapporte beaucoup à celui qui les obtient« . Pour augmenter la constructibilité, la loi Alur aurait déjà ouvert des pistes permettant de s’exonérer de certaines règles d’urbanisme et levant certains blocages dans les copropriétés.

Un matériau durable

Du côté des solutions constructives, le président du Plan Bâtiment Durable, prône la saine compétition entre les matériaux : « Le bois n’est pas la voie exclusive. Construire un chalet sur le toit d’un immeuble haussmannien est difficilement acceptable. Il ne faut donc pas se limiter à l’usage de ce matériau pour les surélévations et voir comment faire en sorte que le béton y réponde lui aussi« . Pour Nathalie Tchang, présidente du bureau d’études Tribu Energie, le béton est même incontournable : « Malgré des architectures très différentes, les structures béton que l’on retrouve lors des rénovations sont, en général, toujours intactes et très performantes. Il est donc idéal pour les réhabilitations et pour travailler dessus« . L’ingénieure avance de nombreux avantages : « Il ne faut pas hésiter à garder un bâtiment sain, car une réhabilitation lourde génère environ trois fois moins de déchets qu’une démolition suivie d’une reconstruction. L’impact environnemental est donc très favorable. Ensuite, dans le cas d’une surélévation, le béton est avantageux pour le confort d’été et l’acoustique« . Elle liste d’autres vertus : le comportement face aux risques d’incendie et de sismicité, ses possibilités esthétiques. « Le béton est un matériau durable, puisque sa durée de vie est longue, supérieure à 50 ans« , assure-t-elle.

Le béton cellulaire, gage de simplicité sur le chantier

Le matériau, considéré comme lourd, présente en fait un vaste éventail de solutions permettant de l’adopter en surélévation. Naudin Séevagen, architecte, explique avoir eu recours au béton cellulaire pour combler une « dent creuse » à Levallois-Perret : « Nous avons surélevé un petit immeuble au maximum de ses limites, à la fois physiques et financières. Les contraintes étaient maximales, avec un chantier en site urbain et occupé« . Malgré une surélévation importante, faisant passer le bâtiment à structure mixte (maçonnerie et briques) de R+2 à R+4, aucune reprise en sous-œuvre n’a été nécessaire. « C’était un chantier modeste, reposant sur le savoir-faire des maçons. Le béton cellulaire était simple à mettre en œuvre, comme des parpaings, en remplissage d’une structure poteaux-poutres coulée en place« , résume-t-il. L’architecte estime que le béton cellulaire apporte de meilleures performances d’isolation, à la fois thermique et acoustique, que le bois sur ce chantier. Jean-Marc Weill, architecte-ingénieur associé du bureau d’études C&E Ingénierie, résume la démarche à suivre : « Il faut analyser la structure de la construction, estimer les descentes de charges sans nécessité de reprise de fondation, choisir un élément de structure primaire verticale représentatif et établir un seuil de dépassement sans nécessité de reprise en sous-œuvre. Puis rechercher les solutions constructives pouvant répondre à une réserve de charges correspondant à un accroissement de +5 à +10 %« . Pour le spécialiste, plusieurs points sont à surveiller, dont la gestion des mitoyennetés avec des murs et fondations déjà existants, et l’aspect sismique. Dans l’étude « Surélévation en béton : le champ des possibles », il note : « Il faut rappeler que, d’une manière générale, une augmentation de masse conduit à l’augmentation des efforts sismiques, donc à une aggravation de vulnérabilité« . Des travaux de renforcements seront donc parfois nécessaires pour répondre aux recommandations de l’Eurocode 8.

 Pour construire une ville sur la ville, il faudra donc compter avec le béton, qu’il soit utilisé en reprise de sous-œuvre, en création de nouveaux espaces à vivre en extension de façade, ou même en surimposition, grâce aux innovations techniques et au savoir-faire des spécialistes français.

source : Bati Actu

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