À trois jours d’une cérémonie d’investiture qui doit être boycottée par des élus démocrates et certaines célébrités, l’homme d’affaires recueille deux fois moins d’opinions favorables que ses prédécesseurs.
Jamais depuis quarante ans, un président américain n’avait pris le pouvoir avec un niveau d’impopularité aussi élevé. À trois jours de son investiture, Donald Trump ne cumule que 40% d’opinions favorables, selon un sondage du Washington Post et ABC News paru ce mardi. Donald Trump est deux fois moins populaire que ses prédécesseurs, Jimmy Carter, Ronald Reagan, George H. W. Bush, Bill Clinton et George W. Bush, à leurs prises de fonctions. Le contraste est encore plus saisissant avec Barack Obama, entré à la Maison-Blanche en 2009 avec 79% d’opinions favorables.
Et si les Américains font confiance au milliardaire pour créer des emplois dans les régions sinistrées du pays, seuls quatre sur dix approuvent la façon dont il a mené la transition depuis son élection, d’après un autre sondage CNN/ORC. Par comparaison, 84% des Américains avaient apprécié la gestion menée par Barack Obama à son arrivée à la Maison-Blanche, en 2008.
La publication de ces chiffres a agacé le prochain maître des lieux. «Les mêmes gens qui faisaient les sondages bidons pour les élections, et ont eu tout faux, font maintenant des sondages de popularité. Ils sont truqués, comme avant», a-t-il commenté sur Twitter. En réalité, les sondages nationaux réalisés avant l’élection n’avaient que quelques points d’écart avec le résultat final du scrutin: ils prévoyaient 3,3 points d’avance pour Hillary Clinton, qui a finalement obtenu 2,1 points d’avance au suffrage populaire. En revanche, les sondages par État, eux, étaient faux.
Selon une moyenne de récents sondages calculée ce week-end par le site Real Clear Politics, environ 50% des Américains ont une opinion défavorable du Républicain. Le jour de l’élection, 58% des électeurs n’avaient pas une bonne opinion de lui.
Boycotté
Cette année, au moins une quarantaine de parlementaires démocrates prévoient de boycotter la cérémonie pour soutenir John Lewis. Cet élu noir de Géorgie de 76 ans et héros de la lutte pour les droits civiques, est en conflit ouvert avec Donald Trump, qu’il a qualifié de président «illégitime». «Nous préférerions que tout le Congrès participe, mais si des élus ne viennent pas, cela libérera de très bons sièges pour d’autres gens», a ironisé Sean Spicer, futur porte-parole de la Maison-Blanche.
Bon nombre de grands noms du spectacle ont également prévu de boycotter l’investiture. Certains, qui avaient confirmé leur participation, se sont même décommandés ces derniers jours. C’est le cas de la star de Broadway Jennifer Holliday, qui a renoncé samedi après une levée de boucliers de ses fans. Le B-Street Band, spécialisé dans l’interprétation des chansons de Bruce Springsteen, a aussi jeté l’éponge, lundi, par «respect et gratitude» pour le célèbre auteur de Born in the USA, ardent détracteur du nouveau président.
En décembre, le milliardaire affirmait pourtant que les célébrités le suppliaient pour obtenir des places pour la multitude de bals et d’événements festifs accompagnant traditionnellement l’arrivée d’un nouveau président. Depuis quelques jours, Donald Trump semble tout faire pour minimiser l’importance des vedettes, assurant que la journée serait «très, très élégante», avec la participation de «formidables talents». Tom Barrack, organisateur de la cérémonie, est même allé jusqu’à laisser entendre qu’il pouvait se passer de vedettes puisqu’avec le milliardaire, «nous avons la chance d’avoir la plus grande célébrité du monde».
Et si de grands noms de la musique et du cinéma comme Katy Perry, Cher ou Scarlett Johansson sont bien attendus à Washington dans les prochains jours, ce n’est pas pour fêter l’investiture mais pour manifester contre l’homme d’affaires, lors de la grande Marche des femmes, samedi.