AVIS D’EXPERTE. Si les accidents restent rarissimes, les pathologies de matériaux ou de structure sur les balcons méritent une attention toute particulière. Mélina Démure, chef du service Diagnostic, Pathologie et Structure de l’agence lyonnaise de Ginger CEBTP, nous en dit plus sur les problèmes les plus fréquemment rencontrés.
L’eau de pluie, l’ennemie de l’armature métallique
[quote] »Les différentes pathologies constatées peuvent être liées à des formulations du béton qui ne sont pas forcément bonnes au départ du projet. Au fil du temps, il peut se déliter. Mais des soucis peuvent également être liés à un problème de mise en œuvre sur le chantier même, avec un mauvais positionnement des armatures dans la dalle ou un décoffrage prématuré de cette dernière. Le béton armé ne présente alors pas ses caractéristiques optimales« [/quote] nous révèle la chef de service. Les signes avant-coureurs peuvent être discrets, mais il est recommandé de faire attention lors de l’apparition de fissures. Elles facilitent le passage d’eau dans la structure ce qui entraîne un phénomène de corrosion des armatures métalliques. « Ces infiltrations sont insidieuses« , prévient-elle. Des signes de stagnation d’eau contre la façade sont des éléments à surveiller, ainsi qu’une éventuelle surcharge de la plateforme qui doit être suffisamment dimensionnée pour des surcharges ponctuelles telles que des bacs jardinières de dimensions importantes.
Les traces de rouille visibles en surface peuvent être révélatrices mais n’indiquent pas forcément un risque structurel pour l’ensemble du balcon. « Des épaufrures en nez de dalle sont souvent observées, et induisent des éclats de béton, qui ne sont pas dangereux pour la stabilité de l’ensemble mais pour les personnes qui sont exposées à leur chute« , relate l’experte. Selon elle, « ces problématiques de balcons sont assez constantes en nombre et parfois insuffisamment connues par les gestionnaires de patrimoine, mais seuls les assureurs pourraient dire si la sinistralité évolue, car de notre côté, nous ne sommes sollicités qu’en cas de désordre« . En tout, une dizaine d’expertises seraient réalisées chaque année par la seule agence lyonnaise de Ginger CEBTP, qui mobilise au moins quinze personnes sur ces sujets, sans même compter le personnel de laboratoire.
Mélina Démure conclut :
[quote] »Certains balcons sont plus sujets que d’autres aux problèmes, comme ceux des derniers étages, plus exposés à la pluie. Certains modes constructifs sont également plus délicats, comme la dalle brute qui protège moins le béton du risque d’infiltrations au droit des armatures que la dalle avec revêtement d’étanchéité et forme de pente« .[/quote]
Concernant les autres modes constructifs, qui n’utilisent pas forcément du béton, la spécialiste nous précise que l’attention devra se porter sur le choix du matériau (bois ou métal), sur la nature des ancrages, la qualité des assemblages et le dimensionnement des pièces. Dans tous les cas, les experts rédigent des constatations et formulent des recommandations aux maîtres d’ouvrages qui peuvent aller jusqu’à la démolition-reconstruction du balcon, en cas de danger avéré.
source : Bati Actu