ISO, CEN, Afnor, tout le monde travaille sur la maquette numérique et les formats de fichiers qui lui sont associés. Un immense effort de rationalisation est entrepris, notamment par des acteurs Français qui tentent de faire prévaloir leur vision au niveau international. Le Plan Transition Numérique dans le Bâtiment vient de publier sa feuille de route sur le sujet, qui nous est expliquée par Souheil Soubra (CSTB), un de ses rédacteurs.
Bien comprendre le rôle des différents comités internationaux
La méthode qui a été choisie, au Plan Transition Numérique pour le Bâtiment, a donc été de regrouper des experts des différents domaines liée à cette question. « Ils rédigent des documents d’analyse sur différentes thématiques« , décrit Souheil Soubra. Un premier travail, « très fructueux » selon lui, qui a permis à la France de se construire une vision globale de la problématique et d’adopter une position plus cohérente. Il décrit : « Les aspects pré-normatifs sont gérés par BuildingSmart pour les IFC et par l’Open Geospatial Consortium (OGC) pour les informations géographiques. La partie normative, elle, est gérée au niveau du Comité Européen de Normalisation (CEN) et plus particulièrement du Technical Comittee TC442. L’ISO travaille également sur la question mais au niveau international« . La différence est de taille : si les normes ISO sont adoptées dans le monde, il n’y a aucune obligation à les appliquer. En revanche, une norme édictée au niveau européen aura directement un impact en France. D’où l’importance de suivre et d’orienter les travaux du CEN, note Souheil Soubra.
Le spécialiste du CSTB nous décrit ensuite les différents niveaux de l’architecture du BIM : « Il y a différents étages sur lesquels portent les travaux de normalisation. Le 1er étage, tout d’abord, est celui où sont exprimés les besoins d’échanges entre les acteurs d’un projet. Le 2e étage, consiste lui à faire communiquer les machines entre elles. Le 3e étage enfin, est celui de la terminologie où sont consignées les définitions des concepts utilisés« . Un organigramme déjà détaillé lors du salon BIM World au mois de mars 2017. Le directeur des Technologies de l’information raconte : « La recommandation que nous avons fait pour le premier niveau est de suivre les travaux du CEN TC442 sur les processus BIM Execution Plan« . Il estime qu’il est probable que ce qui se fait au niveau de l’ISO (TC59/SC13/WG13) sur la norme 19650 structure l’avenir du BIM dans le monde et que, par le biais de l’accord de Vienne, ces normes ne reviennent en France sous l’égide du CEN…
Trop de données tuent la donnée
« Pour l’étage 2, celui du standard IFC, il faut valider des modèles simples pour améliorer la confiance, et avancer sur la notion des MVD, ces ‘vues métiers’ qui permettent à tout acteur d’un projet d’avoir accès à l’information dont il a besoin, à la phase où il en est« , détaille Souheil Soubra. Une façon de ne pas noyer les utilisateurs de la maquette numérique sous un flot de données inutiles pour eux. « Pour l’étage 3, il faut continuer les travaux sur les dictionnaires initiés par l’Afnor et portés au niveau du CEN« , fait valoir l’expert, qui souhaite que la vision française s’impose avec l’appui des pragmatiques Néerlandais. D’autres questions sont également abordées dans le document du PTNB, dont l’intégration des bâtiments dans leur environnement : « C’est indispensable pour adresser la question du développement durable puisqu’il y a des influences mutuelles entre les deux, à l’image d’un immeuble climatisé qui subit la météorologie et la pollution mais contribue à former un îlot de chaleur urbain« , nous détaille-t-il. L’utilisation du standard CityGML permettrait, selon lui, d’aller vers le BIM multi-échelles.
Autre problématique, celle des « conteneurs de données », que nous explique le directeur des Technologies de l’information du CSTB : « On se rend compte qu’il est impossible de tout contenir dans le modèle de données IFC : Revit, tableau Excel, documents PDF ou Word… Il faut donc tous les intégrer dans un seul fichier compressé« . Souheil Soubra développe notamment la notion de « données liées » (linked data) à des sources extérieures sur le Web qu’il faudra relier aux IFC. Là encore, des standards devront rapidement émerger afin que les échanges soient facilités et que les acteurs n’investissent pas dans des solutions qui seront complexes à faire communiquer et qui, in fine, seront abandonnées. Le travail des spécialistes français est donc primordial.
source : Bati Actu