La méga-fusée Artemis décolle pour la première fois vers la Lune

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La nouvelle fusée de la Nasa sur la rampe de lancement 39-B du Kennedy Space Center le 15 novembre 2022, quelques heures avant un décollage prévu à Cap Canaveral, en Floride. © Chris O’Meara, AP

Après deux tentatives ratées cet été, la Nasa a procédé au premier vol d’essai, mercredi, de sa nouvelle méga-fusée vers la Lune pour la mission Artémis 1, malgré une fuite lors des complexes opérations de remplissage des réservoirs de carburant, à quelques heures seulement du lancement.

Mission réussie pour la Nasa. Après deux essais ratés cet été, l’agence spatiale américaine a fait décoller sa méga-fusée vers la Lune mercredi 16 novembre.

Le baptême de l’air de la fusée SLS, la plus puissante du monde, était programmé mercredi depuis la Floride à 01 h 04 du matin heure locale (06 h 04 GMT), avec une fenêtre de tir possible de deux heures.

La météo au centre spatial Kennedy était coopérative, avec des conditions favorables à 90 %.

Cependant comme lors des précédentes tentatives, les opérations de remplissage de la fusée avec son carburant cryogénique – plus de 2,7 millions de litres d’hydrogène et d’oxygène liquides – ont donné du fil à retordre à la Nasa.

Après plusieurs heures de remplissage sans accroc, une fuite d’hydrogène, ultra-inflammable, a été détectée au pied de la fusée. Une équipe de techniciens a dû être envoyée sur le pas de tir pour effectuer des réparations, qui ont duré environ une heure. La fuite n’est pas réapparue lorsque le remplissage a repris.

« Beaucoup de sueur et de larmes »

Cinquante ans après la dernière mission Apollo, la mission Artémis 1, qui fera le tour de la Lune sans y atterrir et sans astronaute à bord, doit permettre de confirmer que le véhicule est sûr pour un futur équipage.

Elle doit marquer le grand début du programme Artémis, qui prévoit notamment d’envoyer la première femme et la première personne de couleur sur la Lune. Le but est d’y établir une présence humaine durable, pour préparer un voyage vers Mars.

« Beaucoup de sueur et de larmes sont allées dans cette fusée », a déclaré, mardi, le patron de la Nasa, Bill Nelson. « Elle nous permettra de faire des allers-retours jusqu’à la Lune et au-delà pour les décennies à venir. »

Malgré un lancement nocturne mercredi, quelque 100 000 personnes étaient attendues pour admirer le spectacle, notamment depuis les plages environnantes.

« J’étais trop petit pour les missions Apollo donc je voulais venir pour voir le prochain décollage vers la Lune, en personne », a déclaré à l’AFP Andrew Trombley, 49 ans, sur la plage de Cocoa Beach.

De nombreux astronautes ont aussi fait le déplacement au centre spatial Kennedy, dont le Français Thomas Pesquet.

Cet été, la première tentative de décollage avait été annulée au dernier moment à cause d’un capteur défectueux, et la deuxième à cause d’une fuite d’hydrogène.

Après ces soucis techniques, deux ouragans – Ian puis Nicole – ont successivement menacé la fusée, repoussant le décollage de plusieurs semaines.

Des années de retard pour un coût de plusieurs milliards de dollars

Au total, le programme cumule des années de retard et la réussite de cette mission, qui coûte plusieurs milliards de dollars, est devenue impérative pour la Nasa.

Juste après le décollage, les équipes du centre de contrôle à Houston, au Texas, prendront la main.

Au bout de deux minutes, les deux propulseurs d’appoint blancs retomberont dans l’Atlantique. Après huit minutes, l’étage principal se détachera à son tour. Puis, environ 1 h 30 après le décollage, une dernière poussée de l’étage supérieur mettra la capsule Orion sur le chemin de la Lune, qu’elle rejoindra en quelques jours.

Là, elle sera placée sur une orbite distante durant environ une semaine, et s’aventurera jusqu’à 64 000 km derrière la Lune – un record pour une capsule habitable.

Enfin, Orion entamera son retour vers la Terre, mettant à l’épreuve son bouclier thermique, le plus grand jamais construit. Il devra supporter une température de moitié aussi chaude que la surface du Soleil en traversant l’atmosphère.

La mission doit durer 25 jours et demi, avec un amerrissage dans l’océan Pacifique le 11 décembre.

Après la fusée Saturn V des missions Apollo, puis les navettes spatiales, SLS doit faire entrer la Nasa dans une nouvelle ère d’exploration humaine : cette fois de l’espace lointain.

En 2024, Artémis 2 doit emmener des astronautes jusqu’à la Lune, toujours sans y atterrir. Un honneur réservé à l’équipage d’Artémis 3, en 2025 au plus tôt.

La Nasa envisage ensuite une mission par an, pour construire une station spatiale en orbite autour de la Lune, et une base sur son pôle sud.

Le but est d’y tester de nouveaux équipements : combinaisons, véhicule, mini-centrale électrique, utilisation de l’eau glacée sur place… Le tout afin d’y établir une présence humaine durable.

Cette expérience doit préparer un vol habité vers Mars, peut-être à la fin des années 2030. Ce voyage, d’une tout autre ampleur, prendrait au minimum deux ans aller-retour.

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